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Poésie réunionnaise

Un livre de Wikilivres.
(Redirigé depuis Poézi Réyonèz)

Résumé

Un recueil d'essais, de poésies, mais aussi de pensées, de traductions, de philosophies en langue réunionnaise ou adaptées à cette langue, un exercice de style et d'écriture du réunionnais, une langue orale ; transcrire sa beauté sonore dans l'invention de son écriture, car elle doit être écrite, car elle existe parce que les réunionnais la parlent et qu'ils pensent et existent sans aucun doute à travers elle.

À qui s'adresse ce livre ?

Aux curieux qui désirent entrevoir l'articulation d'un coin de pensée, de rêverie dans cette langue orale, cette langue perdue dans l'océan, une langue qui pousse et s'enracine dans la lave de la Fournaise, rythmée au gré des Pitons, une langue qui s'érode peut-être sous ce triste tropique.

Objectif pédagogique

Écrire (fond, forme, son, graphie) des pensées en créole réunionnais à travers quelques exemples à travers les pensées de Coralie.

Introduction

Du haut de sa montagne, le regard fixé sur l’océan, Coralie rêvasse, elle pense, elle n’entend pas les vagues, mais elle les voit malgré tout ; ces vagues sont comme figées, elle imagine qu’elles se brisent quand même et elle arrive presqu’à en respirer la fraîcheur de l’écume mêlée à la brise presque brûlante du soleil de face ; elle prend conscience de l’image quasi figée des vagues et sa pensée se met soudain à bouillonner entre deux visions : ses vagues françaises, au pluriel, féminin, et ses vag créoles (orthographe créole), invariant et masculin.

Elle se reprend : c’est un voyage qu'elle entreprend alors pour s’évader et s’y retrouver peut-être, un voyage aux origines dans l’espace et le temps. Elle revisite Baudelaire : L'invitation au voyage qu’elle redécore ; elle se remémore les légendes éducatives et ce Pauvre petit. Puis, plonge du haut d’une falaise, droit dans l’Origine de la différence de la connaissance pure et empirique de Kant comme pour se purifier et défier ce créole qui résiste. Elle inspire enfin une bouffée d’air tropical avec les légendes d’Héva et Anchaing qui transpirent de ces mots endémiques d’un passé lointain.

Le voyage

  1. Linvitasion o voyaz
  2. Pov ti gine
  3. Lorizine la diférans la konésans pur é la konésans anpirik
  4. Éva èk Arsin

Conclusion

Du haut de sa montagne, le regard fixé sur l’océan, Coralie rêvasse, elle pense, elle n’entend pas les vagues, mais elle les voit malgré tout. Cette phrase se met à résonner et comme écho, on entend : Si la montane an lèr ba, pou ogard la mèr kom in lèstati, Korali i rèv, i pans, li antan pa bann vag, mé li oua a li byin.

Les images se bousculent dans la tête de Coralie, les mots propres ont sans aucun doute perdu leur réalité physique qu'ils désignaient autrefois, mais ceux-là même n’ont pas perdu leur usage. Elle pense des images et imagine des pensées aussi fines et tranchantes, car elle est Baudelaire, elle est Héva, elle est Anchaing, elle est Kant, elle est ce petit oiseau venu boire à la fontaine, ses pensées s'appuient sur l'épaule de géants, le français et ses idiolectes, et pourquoi pas d'autres encore. Le créole, cette pensée, ce pouvoir, ressemble à un poème qui n'est que parce qu'il se raconte, une poésie mise au monde par nos mères et rythmée par nos pères, poésie réunionnaise.