Ouverture Bird/Introduction
Une petite histoire...
[modifier | modifier le wikicode]Tout commence le 14 juillet 1830 avec la naissance de Sir Henry Edward Bird, célèbre joueur d'échecs et auteur d'ouvrages échiquéens du XIXème siècle. Il écrit notamment Chess History and Reminiscences, et An Analysis of Railways in the United Kingdom, dernier livre n'ayant manifestement rien à voir avec le jeu d'échecs. Il proposera également une variante du jeu d'échecs incluant deux nouvelles pièces, "le garde" et "l'écuyer".
La première partie datée que l'on a de lui est de 1849, contre Medley George W., où il gagna avec les Blancs en 63 coups après 1.e4. À cette époque, il n'était connu pour rien d'exceptionnel, n'étant pas encore tombé passionné d'un premier coup qui gardera son nom. Il continue à jouer exclusivement e4 au premier coup jusqu'en 1862, une partie qu'il perdit contre un certain Adolf Anderssen, en 29 coups...
Viens alors une période de 4 ans durant laquelle on ne trouve aucune partie de lui. Il n'existe pas d'indication disant si il avait décidé de se retirer du monde des échecs ou que nous soyons simplement en manque d'informations sur cette époque. Il revient cependant en 1866 pour jouer contre le champion du monde Wilhelm Steinitz, inventeur du jeu positionnel, qui révolutionna la pensée échiquéenne du XIXème siècle. On peut l'imaginer à ce moment, ne sachant que jouer devant l'échiquier face à ce grand maître, sachant cependant que la théorie des ouvertures a évolué durant ses quatre ans d'absence et qu'il a toutes les chances de tomber dans l'ouverture, face à un adversaire de cette envergure. Il est possible aussi qu'il se soit préparé durant 4 ans sur une nouveauté précise, quelque chose qui lui semblait innovant et brillant... Il joua 1.f4 pour la première fois contre le plus illustre de son époque.
Il ignore sûrement à ce moment qu'en 1864 - année durant laquelle le monde des échecs lui est était possiblement étranger - le joueur danois Severin From trouve une nouvelle réponse agressive à 1.f4 avec e5, un gambit qui portera plus tard son nom. Steinitz joua justement ce coup. Il était inconnu pour Bird, comme l'illustre sa partie. Une variable dont il n'avait pas conscience et à cause de laquelle il perdit en 18 coups.
Suite à cette défaite, Henry Bird n'eut plus l'occasion de rejouer avec les Blancs avant 1873, pour gagner contre Fleissig Max avec 1.e4 au premier coup. Dans la même année, il revint à la charge. Bien que la majorité de ses parties soient joués avec 1.e4, il joua 1.f4 de plus en plus souvent. Il gagna ainsi contre des joueurs comme Samuel Rosenthal ou encore Adolf Schwarz.
À partir de cette année, il se présenta comme l'unique joueur invétéré de cette ouverture exotique pour l'époque (et toujours actuellement), si exotique qu'elle finit par porter son no
Présentation de l'organisation du "livre"
[modifier | modifier le wikicode]Le présent ouvrage suivra une direction assez linéaire, avec comme objectif de balayer le plus complètement les lignes jouables ou qui peuvent apparaître en partie, de sorte à pouvoir laisser toute liberté au lecteur pour s'orienter vers la/les variantes souhaités ou en découvrir de nouvelles.
Chaque chapitre de chaque partie tentera d'expliquer le plus complètement la théorie et les différentes idées sous-jacentes à chaque position canonique. Il exposera également les variantes intéressantes et les erreurs possibles pour les Noirs comme pour les Blancs.
Introduction au premier coup : 1.f4
[modifier | modifier le wikicode]Le premier coup semble au premier abord anormal, il ouvre en effet la diagonale e1-h4, ce qui semble affaiblir le Roi. Le coup ne permet pas non plus directement de développer de nouvelles pièces, puisqu'il ne libère pas de diagonales pour les Fous ou la Dame. On pourrait même dire qu'il n'a pour vertu que de pouvoir aider à développer le Roi...
Bon. Si le coup était si mauvais, il ne serait pas simplement peu joué, mais carrément pas joué du tout. Or la réalité est autre, plusieurs grand-maîtres contemporains ont joués cette ouverture de manière régulière. On peut citer : Bent Larsen et Henrik Danielsen (entraîneur de Magnus Carlsen), ainsi que le maître Timothy Taylor. C'est assez peu, mais l'existence d'au moins un GMI jouant cette ouverture prouve d'ors et déjà que celle-ci n'est pas totalement à jeter.
Mais quelles sont ses avantages alors ?
Une première réponse d'ordre purement technique consiste à dire que de même que 1.c4, le coup de pion contrôle une case du centre (ici e5) et permet également de prévoir possiblement une attaque contre le Roi Noir. De manière plus générale, toute transposition dans des ouvertures où f4 est joué à un moment quelconque se trouve bonifiée car aucun temps n'a été perdu par un aller-retour de Cavalier permettant de jouer f4 (en général, Cf3 est joué avant f4).
La seconde réponse est ici tout à fait dénué de formalisme, et tient au fait que les échecs sont joués par des êtres humains. Si la Bird apparaît peu jouable contre un ordinateur (en fait même pas du tout), un humain a toute les chances de se trouver perdu dans des positions qui lui sont inconnues et de faire des erreurs avec les Noirs. Et même si il ne se trouve pas à faire des bourdes, au minimum sera-t-il désorienté et aura-t-il une chance supplémentaire de ne pas jouer au mieux de ses capacités
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La Bird est donc jouable. Et ce n'est qu'une promesse pour l'instant sans fondement, mais elle regorge également d'un grand nombre de subtilités amusantes, et d'une richesse au premier abord peu existante.