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Histoire de France/Les Carolingiens

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Chapitre III
Les Carolingiens

La dynastie des Carolingiens donne quatorze rois, et occupe le trône de 752 à 987, soit 235 ans[1].

Carte du chapitre manquante

Arbre généalogique

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Pépin le Bref

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Pépin le Bref par Louis Félix Amiel, peinture commandée par Louis Philippe pour le musée historique de Versailles en 1837

À la mort de Charles Martel en 741, ses deux fils, Pépin et Carloman, se partagèrent le pouvoir et gouvernèrent quelque temps de concert. Le premier obtient l'Austrasie, l'Alémanie et la Thuringe ; le second, la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Leur demi-frère Griffon, né du deuxième mariage de Martel avec Swanahilde, n'obtient rien ; voulant faire valoir son droit à l'héritage, il s'allie avec Hunald, duc de Bavière et Hunald, duc d'Aquitaine. Pour contrer son alliance, Pépin et Carloman firent une première expédition contre Hunald, qu'ils forcèrent à la soumission ; ensuite ils restituèrent, aux abbayes et aux évêchés, les biens que Charles Martel avait donnés en fiefs à ses officiers pendants les dernières guerres. Mais Pépin, en 745, soumet l'Alémanie au mépris du partage de 741 ; Carloman organise alors une expédition contre son frère et fait massacrer à Cannstatt[2] en 746 la totalité des nobles. Pour expier ce massacre, Carloman se retira au monastère du Mont-Cassin, et Pépin resta seul à la tête du royaume.

Pépin se voyant seul maître du pouvoir, jugea le moment venu de s'emparer du trône. Fort de l'assentiment du pape Zacharie il se fit proclamer roi à Soissons, en 752 ; puis il fut sacré et couronné par saint Boniface, évêque de Mayence. Le dernier roi mérovingien, Childéric III, fut déposé et il alla finir ses jours dans le monastère de Sithieu[3].

Depuis longtemps les Mérovingiens n'étaient plus rois que de nom ; Charles Martel avait même laissé le trône vacant pendant plusieurs années. Cependant les descendants de Clovis étaient toujours respectés ; c'est pourquoi Pépin songea à légitimer son occupation du trône en la faisant approuver par le pape. Il lui fit donc demander si dans l'état où se trouvait alors le royaume, il était à propos que la qualité de roi fût séparée de l'autorité. Le pontife répondit que celui qui avait l'autorité pouvait y adjoindre le titre de roi. Pépin le Bref ouvre ainsi la dynastie des carolingiens, du nom de son père qui en a fait naître les prémices.

En 568, les Lombards, d'origine germanique, envahirent, sous la conduite d'Alboin, leur roi, le nord de l'Italie qui a conservé le nom de Lombardie. N'ayant pu prendre Rome, ni Ravenne, Alboin fit de Pavie la capitale de son royaume. Le royaume des Lombards dura 206 ans et eut 22 rois ; les derniers furent Astolphe que soumit Pépin, et Didier qui fut dépossédé par Charlemagne, en 774. Pépin expulsa ensuite les Arabes de Narbonne et de la Septimanie[4], puis il tourna ses armes contre l'Aquitaine. Le duc de Waïfre, fils d'Hunald, résista pendant sept ans ; il fut à la fin assassiné par ses soldats, et toute la Gaule se trouva sous la domination de Pépin.

Pépin mourut à Saint-Denis, en 768. Lui et son épouse, la reine Berthe, avaient su gagner le respect de leurs sujets : on dit encore en « Du temps que la reine Berthe filait » pour rappeler « le bon vieux temps ».

  1. Quels furent le deux fils de Charles Martel ?
  2. Quels furent les premiers actes de leur règne ?
  3. Que devint Carloman ?
  4. Où Pépin fut-il proclamé roi ? En quelle année ? Par qui fut-il sacré ?
  5. Quels sont les principaux rois lombards ?

Charlemagne, guerre d'Italie, guerre d'Espagne

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Pépin avant de mourir avait partagé ses États entre ses deux fils, Charles (dit Charlemagne) et Carloman (768) ; mais ce dernier mourut trois ans après, et Charles fut alors seul roi.

Charlemagne, comme Alexandre et César, a laissé un souvenir impérissable. Il était robuste, d'une taille élevée, passionné pour la chasse et la guerre. Les principales guerres de Charlemagne furent dirigées contre les peuples barbares établis au nord et au sud du royaume des Francs, c'étaient :

  • les Lombards en Italie ;
  • les Arabes en Espagne ;
  • les Saxons en Allemagne ;
  • les Bavarois et les Avares dans la vallée du Danube.

Elles eurent, entre autres résultats, d'amener le christianisme dans les différents peuples de l'Europe.

Les Lombards venaient d'envahir l'exarchat de Ravenne et le territoire de Rome. Charlemagne somme Didier, leur roi, de se retirer ; sur son refus, il franchit les Alpes, assiège et prend Pavie, détrône Didier, se fait couronner souverain de la Lombardie à Monza, et confirme les donations faites au Saint-Siège par Pépin (774).

En 778, Charlemagne refoula au-delà de l'Ebre les Sarrasins d'Espagne, puis reprit le chemin de la France. Au passage des Pyrénées, son arrière-garde, commandée par le brave Roland, fut écrasée par les Basques ou Vascons[5], dans la vallée de Roncevaux. Charles retourna en Espagne, vengea la mort de son neveu et conquit les marches de Barcelone et de Gascogne.

Roland fit des prodiges de valeur à Roncevaux. D'après la légende, quand tous ses compagnons d'armes furent tués, il tomba lui-même d'épuisement. Puis il prit sa vaillante épée, Durandal[6], l'embrassa en pleurant et essaya de la briser contre un rocher, ne voulant pas la laisser à ses ennemis. Il frappa si fort que le rocher se fendit, mais l'épée resta intacte. Roland, désespéré, sonna du cor pour appeler Charles à son secours, puis il se coucha sur sa chère épée et sur son cor. La mort de Roland a fourni le sujet d'une célèbre épopée, la Chanson de Roland, que les guerriers du moyen âge redisaient en allant au combat. C'est un récit merveilleux qui tient plus de l'imagination que de la réalité.

  1. Pourquoi Charlemagne fit-il une expédition contre les Lombards ?
  2. Qu'arriva-t-il à Roland à Roncevaux ? Comment s'appelait l'épée de Roland ? Celle de Charlemagne ?
  3. Qu'est-ce que la chanson de Roland ?

Guerre contre la Saxe, la Bavière, Charlemagne empereur

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Carte rétrospective de l'empire carolingien sous Charlemagne
Couronnement de Charlemagne, chroniques de Jean Fouquet
La guerre entre Charlemagne et les Saxons. Éginhard, Vita Karoli magni, XIIIe siècle

Les Saxons faisaient peser sur le royaume franc une menace permanente. Charlemagne résolut de les vaincre et de les amener au christianisme. Charlemagne fait sa première expédition en Saxe en 772, détruisant en particulier le principal sanctuaire, l'Irminsul ; puis, à partir de 776, après l'intermède italien, commence une guerre acharnée contre les Saxons, qui, commandés par Widukind, un chef westphalien, lui opposent une vigoureuse résistance. Après plusieurs campagnes marquées par la dévastation de différentes parties de la Saxe et la soumission provisoire de chefs, mais aussi par un revers grave des Francs en 782 au Süntel, près de la Weser. Cette défaite entraîne une opération de représailles qui s'achève par le massacre de 4 500  Saxons à Verden. Widukind finit par se soumettre en 785 et se fait baptiser. Charlemagne impose alors le Capitulaire De partibus Saxoniae (premier capitulaire saxon), une législation d'exception qui prévoit la peine de mort pour de nombreuses infractions, en particulier pour toute manifestation de paganisme (crémation des défunts, refus du baptême pour les nouveau-nés). Une politique de déportation des Saxons et de colonisation par des Francs a lieu en même temps. La législation d'exception prend fin en 797 (troisième capitulaire saxon), mais la soumission définitive n'est vraiment atteinte qu'en 804.

La Saxe ne fut pas la seule conquête de Charlemagne. La Bavière, dirigée par le duc Tassilon III de Bavière, est l'objet de son attention. Tassilon doit prêter serment de fidélité en 781, puis de nouveau en 787. En 788, il est mis en jugement devant l'assemblée, condamné à mort, puis gracié et enfermé dans un monastère ainsi que son épouse et ses deux fils. En 794, Tassilon comparaît de nouveau devant l'assemblée et proclame sa renonciation au trône de Bavière, désormais totalement intégrée au royaume franc.

Le jour de Noël de l'an 800, Charlemagne est couronné empereur d'Occident par le pape Léon III.

Gouvernement de Charlemagne

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Son administration

L'autorité était exercée au nom de Charlemagne, dans les provinces, par deux sortes d'agents, les uns permanents, les autres temporaires. Les premiers, ducs, comtes, vicomtes[7], centeniers[8], résidaient dans les provinces où ils commandaient les troupes, rendaient la justice et percevaient les impôts. Les autres, appelés missi dominici, ou envoyés du maître, visitaient chaque province pour en surveiller l'administration et rendre compte de tout à l'empereur. C'étaient de véritables inspecteurs.

Assemblées nationales

Deux fois l'année, en automne et en mai, Charlemagne convoquait les assemblées générales de la nation. Dans l'assemblée du printemps, où étaient convoqués les hommes libres, il publiait solennellement les lois ou capitulaires[9] qu'il avait fait préparer par l'assemblée d'automne composée des évêques, des comtes et des grands officiers[10] de la couronne.

Charles protecteur des lettres

Charlemagne s'appliqua surtout à instruire ses peuples. Pour cela, il s'entoura des hommes les plus savants de l'époque.

Il institua l'Académie du palais où il aimait à discuter avec Pierre de Pise, venu d'Italie, le savant Alcuin, d'Angleterre, Eghinard, son historien, Théodulphe, évêque d'Orléans, l'Irlandais Pierre Clément et le Lombard Paul Diacre. Chaque membre de cette académie portait un nom de la Bible ou des auteurs anciens. Charles avait celui de David.

Le saviez-vous ?
L'empereur engagea les évêques et les abbés à fonder des écoles près de leurs cathédrales ou de leurs monastères. Les curés devaient apprendre gratuitement à lire aux enfants de leurs paroisses ; lui-même voulut avoir dans son palais une école où le pauvre était admis aussi bien que le riche : c'est l'école Palatine. On raconte qu'un jour que Charlemagne était allé visiter l'école du palais, il arriva que les enfants des moindres familles lui présentèrent des écrits où le savoir passait toute espérance, tandis que des enfants nobles et riches n’offrirent que de mauvais devoirs. L'empereur fit passer à droite ceux qui avaient bien fait, les encouragea, leur promit richesses et dignités ; plusieurs d'entre eux devinrent abbés ou ministres. Quant aux autres, il les admonesta en vantant les mérites de leurs camarades. Affirmer cependant, comme France Gall que celui qui « a eu cette idée folle, un jour d´inventer l´école : c´est ce sacré Charlemagne ! Sacré Charlemagne » est cependant faux. L'école est une institution existant depuis au moins la naissance de l'écriture il y a 6 000 ans environ. Toutefois les invasions barbares entre le IVe et le VIe siècle furent un frein à la diffusion des savoirs, les rois ayant d'autres occupations que de construire un véritable système éducatif.
Ambassade orientale

La renommée de Charles s'était répandue jusqu'en Asie. Le puissant calife[11] de Bagdad, Haroun-al-Raschid, rechercha son amitié ; il lui envoya une ambassade avec de riches présent et, ce qui était plus précieux, les clefs du Saint-Sépulcre premier titre du protectorat séculaire que la France a exercé sur les chrétiens d'Orient.

Mort de Charlemagne

Se voyant avancé en âge, Charlemagne partagea ses États entre ses trois fils ; mais il eut la douleur d'en perdre deux, Charles et Pépin, qui moururent avant lui. Ses vieux jours furent encore attristés par les premières apparitions des pirates normands, sur les côtes de l'empire et par la prévision des maux qu'ils causeraient ses successeurs. Il mourut enfin à Aix-la-Chapelle, pleins de jours, de vertus et de gloire, le 28 janvier 814, à l'âge de 72 ans, après 46 ans de règne.

  1. À quelles époques se convoquaient les assemblées nationales ? Qu'appelle-t-on capitulaire ?
  2. Quels sont les principaux savants que Charlemagne a attirés à sa cour ?
  3. Qu'a-t-il fait pour répandre l'instruction ?
  4. Quelle ambassade célèbre fut envoyée à Charlemagne ?

Louis le Débonnaire, décadence de l'empire

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Louis Ier le Débonnaire, miniature contemporaine de l'école de Fulda datant de 826
Partage de l'empire

Louis, surnommé le Débonnaire à cause de la faiblesse de son caractère, succéda à son père Charlemagne, en 814. Bientôt après (817), il partagea ses États entre ses trois fils, Lothaire, Louis et Pépin ; son neveu Bernard conservait l'Italie, qu'il possédait depuis la mort de Pépin, son père.

Bernard, mécontent de ce partage, se révolta. Il fut vaincu, eut les yeux crevés et mourut des suites de ce supplice. Louis, qui avait permis le châtiment, en éprouva des remords, et, pour calmer sa conscience, il se soumit, selon les mœurs de l'époque, à une pénitence publique.

Second partage de l'empire

Quelques années après, en 829, l'empereur eut de Judith, sa seconde femme, un quatrième fils nommé Charles. Il voulut aussi lui assurer une partie de ses États en revenant sur le partage déjà fait ; mais les trois aînés prirent les armes contre leur père, le vainquirent et l'enfermèrent dans un cloître (830). L'assemblée de Nimègue (Hollande) le rétablit peu après dans son autorité. En 833, Louis fut encore battu par ses fils près de Colmar, au Champ du Mensonge, puis détrôné et condamné à subir l'humiliation d'une pénitence publique. Mais les vainqueurs ne purent s'entendre entre eux ; bientôt les seigneurs et les évêques s'assemblèrent à Thionville et rendirent la couronne au malheureux prince.

Mort de Louis

Les derniers jours de l'infortuné monarque devaient encore être abreuvés de chagrins. Louis le Germanique se révolta de nouveau, parce que son père avait encore ajouté la Septimanie et l'Aquitaine aux États de Charles le Chauve. L'empereur se mit en marche pour le soumettre ; mais arrivé sur les bords du Rhin, il fut pris de la fièvre et mourut (840).

Bataille de Fontanet

Les enfants de Louis le Débonnaire qui avaient été de mauvais fils ne pouvaient être que de mauvais frères. En effet, Louis le Germanique et Charles le Chauve[12] ne voulurent pas reconnaître la suprématie de Lothaire qui avait le titre d'empereur ; ils s'unirent contre lui et le vainquirent à la sanglante bataille de Fontanet, près d'Auxerre (841).

Les vainqueurs resserrèrent leur alliance par le serment de Strasbourg[13]. Charles le prononça en langue tudesque[14], et Louis en langue romaine ou franque[15]. Ce serment solennel, prononcé sur les bords du Rhin, est le plus ancien monumentde la langue française et de la langue allemande.

Les Royaumes francs après le partage de Verdun en 843.
Traité de Verdun

Les trois frères finirent par où ils auraient dû commencer : ils s'entendirent et signèrent, en 843, le traité de Verdun. L'empire de Charlemagne fut partagé : Charles le Chauve eut la France, c'est-à-dire les pays situés à l'ouest de la Meuse, de la Saône et du Rhône ; Louis le Germanique eut l'Allemane, et Lothaire, l'Italie et la Lotharingie[16] avec le titre d'empereur. Ce démembrement de l'empire eut pour causes :

  • la faiblesse de Louis et de ses successeurs ;
  • l'ambition de ses fils ;
  • la diversité des peuples qui cherchaient à reconquérir leur indépendance ;
  • la barbarie, très grande encore à cette époque, et les difficultés des communications ;
  • les invasions des Normands qui jetèrent le désordre partout.
  1. Comment Louis le Débonnaire partagea-t-il d'abord ses États ? Que fit Bernard son neveu ?
  2. Que fit Louis en 829 ? Quelle fut la conséquence de ce second partage ?
  3. Combien de fois Louis fut-il détrôné ?
  4. Dans quelles circonstances mourut Louis le Débonnaire ?
  5. Quelles sont les causes de la bataille de Fontanet ? En quelle année a-t-elle eu lieu ? Quel était le but du serment de Strasbourg ?
  6. Quels princes ont signé le traité de Verdun ?
  7. Quelles en étaient les conditions ? Que comprenait alors le royaume de France ?
  8. Quelles furent les causes du démembrement de l'empire ?

Les successeurs de Louis le Débonnaire

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Charles le Chauve

Le fils préféré de Louis le Débonnaire, Charles, ne sut ni gouverner ni défendre un royaume dont l'acquisition avait coûté tant de guerres : les seigneurs se rendirent de plus en plus indépendants[17] et les Normands multiplièrent leurs ravages.

Les Normands

Les Normands étaient de redoutables pirates venant de la Scandinavie[18], qui pendant près d'un siècle ravagèrent la France et les autres pays d'Occident. Portés par de frêles barques, ils remontaient le cours des fleuves, pénétraient dans l'intérieur du pays, massacraient les populations, pillaient tout ce qui leur tombait sous la main, puis se retiraient pour mettre leur butin en sûreté.

Leur flotte légère obéissait à un chef unique, choisi comme le plus brave. On le saluait du titre de roi, mais il ne l'était que sur mer et dans les combats ; car à l'heure des festins, toute la troupe s'asseyait en cercle, et les cornes de bière passaient de main en main sans qu'il n'y eût ni premier ni dernier.

Égaux sous un pareil chef, et n'ayant pour lui qu'une soumission volontaire, très légère et le plus souvent fort peu respectueuse, les pirates danois supportaient facilement le poids de leurs amures, qu'ils se promettaient d'échanger bientôt contre un égal poids d'or ; et ils allaient cheminant sur la route des cygnes, comme disaient leurs poésies nationales. Les violents orages des mers du Nord dispersaient souvent et brisaient leurs frêles navires ; tous ne rejoignaient point le vaisseau du chef au signal du ralliement, mais ceux qui survivaient à leurs compagnons naufragés n'en avaient ni moins de confiance ni plus de soucis : « L'ouragan est à notre service, chantaient-ils, il nous jette où nous voulons aller ». — Augustin Thierry

Robert le Fort

Un seul homme sut alors résister aux Normands ; ce fut Robert le Fort, duc de France et compte d'Anjou. Il défendit vaillamment le pays situé entre la Loire et la Seine, jusqu'au jour où il périt glorieusement à Brissarthe, en 866.

Combat de Brissarthe

Une bande de pirates normands, sous les ordres d'Hastings, un de leurs chefs les plus redoutés, remonte la Loire, et vient mettre au pillage les environs d'Angers. Robert, qui déjà les a vaincus plusieurs fois, accourt à la tête des siens ; les Normands pris à l'improviste, se réfugient dans l'église de Brissarthe et s'y retranchent. Les Francs dressent leurs tentes à l'entour et remettent l'attaque au lendemain.

Mais le soleil était lourd : Robert s'était dépouillé de son casque et de sa cuirasse, lorsque tout à coup les Normands s'élancent en poussant de grands cris. Le vaillant chef, la tête et la poitrine découvertes, saisit son épée et bondit avec ses Francs contre les ennemis qui sont repoussés ; mais il est frappé d'une flèche et meurt au milieu de sa victoire. Cette mort rendit plus populaire encore celui qu'on nommait déjà le Machabée[19] de la France. Ses descendants se signalèrent, eux aussi, par leurs services, et un jour ils monteront sur le trône.

Charles le Chauve, empereur

Charles combattit le duc de Bretagne qui s'était déclaré indépendant, et les Aquitains qui s'étaient donné un roi ; il parvint même à s'emparer de la Lotharingie à la mort de Lothaire II. Ces succès rétablirent sa renommée ; aussi le pape et les grands d'Italie lui offrirent-ils la couronne impériale qu'il alla recevoir à Rome, en 875.

Capitulaire de Kiersy

Bientôt après les Italiens appelèrent Charles à leur secours contre les Sarrasins. Pour obtenir le concours des seigneurs, il convoqua à Kiersy-sur-Oise une assemblée générale où il accorda à ceux qui possédaient des bénéfices et des charges, le droit de les transmettre à leurs enfants. Cette possession héréditaire des fiefs constituait définitivement la féodalité (877).

Sa mort

À peine investi de la dignité impériale, Charles s'en voyait dépouillé par son neveu Carloman de Bavière. Il passa en Italie pour défendre ses droits, mais sa campagne n'eut pas de résultat. À son retour il mourut au pied du mont Cenis (877), laissant le pays aux prises avec les Normands et les Sarrasins.

Louis le Bègue

Louis le Bègue, fils du précédent, ne régna que deux ans. Il affaiblit son autorité en distribuant à profusion, des comtés et des terres du domaine royal.

Louis III et Carloman

Loui III et Carloman[20], fils de Louis II, le purent, malgré leurs efforts réunis, chasser les Normands qu'ils vainquirent cependant à Saucourt, près d'Abbeville. Boson, beau-frère de Charles le Chauve, enleva la Bourgogne aux deux princes qui assiégèrent vainement Vienne sa capitale.

  1. Comment gouverna Charles le Chauve ?
  2. D'où venaient les Normands ?
  3. Comment faisaient-ils leurs invasions ?
  4. Qui combattit les Normands à Brissarthe ? Que savez-vous de Robert le Fort ? Que sont devenus ses descendants ?
  5. Dans quelles circonstances fut tué Robert le Fort ?
  6. Quelles autres guerres entreprit Charles le Chauve ? En quelle année fut-il proclamé empereur ?
  7. Que stipulait le capitulaire de Kiersy-sur-Oise ?
  8. Où mourut Charles le Chauve ?
  9. Quel fut son successeur ?
  10. Quelles guerres soutinrent Louis III et Carloman ?

Siège de Paris, chute de l'empire

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L'empire Carolingien en 880

[[Fichier::NorthmenBarques.jpg|thumb|Les barques des Normands, gravure pour l'Histoire de France de François Guizot, par Alphonse-Marie-Adolphe de Neuville, 1883]]

Charles le Gros

À la mort de Carloman, la couronne devait revenir à Charles le Simple, âgé de cinq ans et fils de Louis le Bègue. Mais, comme le royaume était assailli de toutes parts, on lui préféra Charles le Gros, fils de Louis le Germanique. Ce prince réunit ainsi sous son autorité tout l'empire de Charlemagne.

Siège de Paris

En 885, les Normands conduits par deux chefs redoutables, vinrent faire le siège de Paris. Le comte Eudes, fils de Robert le Fort, et l'évêque Gozlin défendirent la ville avec intrépidité. Charles le Gros, venu d'Allemagne avec une nombreuse armée, au lieu de combattre les Normands, traita avec eux et leur abandonna la Bourgogne qu'ils pillèrent.

Les Normands, conduits par Godefried et Sigefried, remontent la Seine avec plus de sept cents barques et arrivent devant Paris ; mais deux cents seigneurs ont répondu à l'appel du gouverneur Eudes et se sont enfermés dans la place. Avant de commencer le siège, Godefried essaye de négocier ; mais l'évêque Gozlin lui répond : « Si la défense de Paris avait été à ta foi[21], ferais-tu pour nous ce que tu demandes pour toi ? ». « Si je le faisais, répond fièrement le barbare, ma tête devrait tomber sous la hache et être jetée aux chiens. ».
Le siège commence aussitôt, et pendant une année entière les Parisiens repoussent les assauts des pirates. Cependant la misère est grande et la peste fait de cruels ravages : l'évêque Gozlin qui soutenait les combattants est mort et les secours n'arrivent pas.
Le comte Eudes se dévoue pour sauver la ville assiégée ; il traverse à la dérobée les rangs de l'armée normande, va trouver Charles le Gros, puis rentre dans la place en se frayant un sanglant passage. Charles parait enfin sur les hauteurs de Montmartre ; mais au lieu de combattre, il achète la retraite des Normands, leur paye 700 livres d'argent et abandonne la Bourgogne à leur rapacité.
Charles déposé, Eudes élu

Les seigneurs indignés de tant de lâcheté, déposèrent l'empereur (887) à l'assemblée de Tribur[22]. Le vaillant Eudes fut élu en récompense de la valeur qu'il avait déployée contre les Normands.

Démembrement de l'empire (888)

La déposition de Charles le Gros amena le démembrement définitif de l'empire de Charlemagne. Sept États indépendants se formèrent :

  • le royaume de France ;
  • le royaume de Provence ;
  • le royaume de Bourgogne ;
  • le royaume de Navarre ;
  • le royaume de Lorraine ;
  • le royaume d'Allemagne ;
  • le royaume d'Italie.

Mais, en réalité, il n'y eut que trois nations différentes : la France, l'Allemagne et l'Italie.

Charles le Simple roi

Eudes continue à lutter contre les Normands, et les bat à Montfaucon[23]. Mais Charles le Simple revendique sa couronne, attaque Eudes et parvient à acquérir quelque puissance entre la Meuse et la Seine. Après la mort d'Eudes (898), les seigneurs qui avaient combattu Charles, le reconnurent pour roi. C'est pendant le règne de ce prince que fut fondé le duché de Normandie.

Fondation du duché de Normandie

Le plus terrible chef des Normands était Rollon. Charles le Simple, désespérant de le vaincre, résolut de traiter avec lui. Il lui offrit la main de sa fille Gisèle avec le duché de Neustrie, si le barbare voulait se faire chrétien et renoncer à sa vie d'aventures. Le Normand accepte, reçoit le baptême à Rouen, prend le nom de Robert et rend hommage à Charles comme duc de Normandie. Ce traité fut passé à Saint-Clair-sur-Epte, en 911.

Les Normands, devenus chrétiens à l'exemple de leur chef, se mêlèrent aux anciens habitants et en prirent bientôt les mœurs et le langage ; mais en retour, ils leur communiquèrent cette humeur aventureuse qui devait bientôt les entraîner à faire les conquêtes de la Sicile et de l'Angleterre.

Le nouveau duc gouverna sagement la Normandie, la rendit florissante et fit si bonne chasse aux brigands que, si l'on en croit un vieux récit, un bracelet oublié aux branches d'un chêne y resta trois ans suspendu avant que personne osât y toucher.

Captivité et mort de Charles le Simple

En 923, les grands du royaume ayant à leur tête Robert frère d'Eudes, se révoltèrent contre Charles et le battirent à Soissons. Robert fut tué dans le combat, mais son fils, Hugues le Grand, rallia son armée et acheva la victoire. Charles vaincu s'enfuit chez le comte de Vermandois, Herbert, qui le trahit et l'enferma au château de Péronne où il mourut en 929.

  1. Quels furent les défenseurs de Paris contre les Normands ? Quels étaient les chefs normands ?
  2. Qui remplaça Charles le Gros comme roi de France ?
  3. Comment fut divisé l'empire de Charlemagne ?
  4. Qui succéda à Eudes ?
  5. Qu'était-ce que Rollon ? Quelles furent les conditions du traité de Saint-Clair-sur-Epte ? Comment fut gouverné le duché de Normandie ?
  6. Où Charles le Simple passa-t-il les dernières années de sa vie ?

Derniers Carlovingiens, la féodalité

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Raoul roi

Hugues le Grand, maître du trône, y fit monter Raoul ou Rodolphe, son beau-frère[24], déjà duc de Bourgogne. Le nouveau roi déploya l'énergie d'un soldat et l'habileté d'un grand capitaine contre les Normands de la Loire et les féroces Hongrois, descendants des Huns, dont il écrasa une invasion en Franche-Comté. Il mourut en 936, après un règne de treize ans.

Louis IV d'Outre-Mer

Le fils de Charles le Simple, Louis IV d'Outre-Mer[25], fut appelé de l'exil au trône. Ayant voulu de s'affranchir de la tutelle des seigneurs, il fut battu par Hugues et fait prisonnier à Laon ; mais le pape obligea son vainqueur à lui rendre la liberté. Il mourut en 954, laissant deux fils, Lothaire qui lui succéda, et Charles qui devint duc de Lorraine.

Lothaire

En 956, Hugues le Grand, mourut laissant son autorité à son fils aîné, Hugues, surnommé Capet, parce qu'il possédait la chape vénérée de saint Martin. Quelque temps après Lothaire se montra vaillant et énergique dans sa lutte contre Othon II, empereur d'Allemagne qui s'était subitement avancé jusqu'aux portes de Paris ; Lothaire lui donna la chasse et le battit près de Soissons[26].

Louis V

Lothaire laissa la couronne à son fils Louis V, qui vécut peu de temps. Charles de Lorraine, frère de Lothaire, s'était rendu odieux à la nation en acceptant la Lorraine comme fief de l'empire ; une assemblée de seigneurs tenue à Noyon, l'écarta du trône et proclama Hugues Capet roi de France (987).

La féodalité

La féodalité, ou gouvernement des seigneurs, est un état social qui s'établit peu à peu grâce à la faiblesse du pouvoir royal et à la nécessité de défendre le pays des invasions normandes et sarrasines. Elle tire son nom des fiefs (en germain, féod), terres distribuées en récompenses.

Origine de la féodalité

Déjà en 587, le traité d'Andelot, signé par Gontran, Childebert II et les leudes, assurait à chaque seigneur, sa vie durant, la possession des bénéfices cédés par le roi ; c'était un premier pas vers le régime féodal. Plus tard, l'édit de Mersen stipulait que tous les hommes libres pouvaient se choisir un maître ou seigneur et lui promettre fidélité. Enfin le capitulaire de Kiersy-sur-Oise (877) accordait l'hérédité des bénéfices et de charges à leurs possesseurs. À partir de ce jour la féodalité fut constituée, et la royauté eut une puissance rivale.

Château féodal

Les invasions des Normands et des Sarrasins, qui désolèrent l'Occident pendant plus d'un siècle, obligèrent les grands possesseurs de fiefs à se défendre eux-mêmes, puisque le roi était impuissant à les défendre, et ils bâtirent pour cela des châteaux forts qui s'élevèrent bientôt de toutes parts. Le château féodal se dressait ordinairement sur une hauter escarpée ; il était entouré de fortes murailles, de fossés larges et profonds, qu'on ne pouvait franchir qu'à l'aide de ponts-levis[27]. La porte, les murs étaient flanqués de tours couronnées de créneaux[28] destinés à abriter les archers. Le donjon dominait les autres tours ; c'était un château dans le château : on y renfermait le trésor et les prisonniers. Dans l'enceinte des tours étaient de vastes magasin, quelquefois une ferme. AU pied de la montagne se groupaient les habitations des serfs qui formaient le village au milieu duquel s'élevait le clocher de l'église. En cas de guerre, les serfs se retiraient dans l'enceinte du château avec leurs troupeaux et tout ce qu'ils pouvaient emporter de leurs cabanes, puis s'y défendaient. Le séjour du château était assez triste ; aussi y accueillait-on des jongleurs, des trouvères[29] ou du troubadour qui débitait des œuvres de poésie qu'ils avaient imaginées, ou les exploits et la mort de Roland, les entreprises du roi Arthur[30] et d'autres chansons de geste[31].

  1. Qui était Raoul ? Comment gouvernait-il ?
  2. Que savez-vous de Louis IV ?
  3. Qui succéda à Hugues le Grand ? Contre qui Lothaire fit-il la guerre ?
  4. Qui était Charles de Lorraine ? Pourquoi ne devint-il pas roi à la mort de Louis V ?
  5. Qu'est-ce que la féodalité ? D'où vient ce nom ?
  6. Qu'est-ce que le traité d'Andelot ? L'édit de Mersen ? Le capitulaire de Kiersy-sur-Oise ?
  7. Pourquoi éleva-t-on des châteaux forts ?
  8. Où étaient-ils ? Qu'est-ce que le trouvère ?

La société féodale

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Les trois états de la société féodale : le clergé, la noblesse et le peuple
Société féodale, le clergé

La société féodale se composait de trois ordres ou trois sortes de personnes : le clergé, la noblesse (seigneurs) et le peuple (vilains et serfs). Le clergé comprenait les évêques, les clercs[32] et les moines, et servait comme de trait d'union entre les deux autres ordres. Beaucoup d'évêques et d'abbés étaient possesseurs de fiefs et faisaient ainsi partie de la noblesse comme suzerains ou comme vassaux. Ils donnèrent sur leurs terres l'exemple d'une administration paternelle, ce qui faisait dire : « Il vaut mieux vivre sous la crosse[33] ».

La noblesse

Les possesseurs de fiefs, quoique souverains dans leurs domaines, étaient loin d'être égaux entre eux. Ils formaient, au contraire, depuis le roi jusqu'au dernier châtelain, une sorte de hiérarchie féodale dont les membres étaient subordonnés les uns aux autres. Celui qui accorait un fief était le suzerain et celui qui le recevait était le vassal.

Les grands vassaux

Le roi était le premier suzerain du royaume. Après lui venaient les grands vassaux au nombre de sept : c'étaient les ducs de France, de Normandie, d'Aquitaine et de Bourgogne ; les comtes de Flandre, de Toulouse et de Vermandois. Ils avaient le titre de pairs du royaume[34], c'est-à-dire d'égaux du roi, et leurs fiefs s'appelaient pairies.

Les petits vassaux

Les grands vassaux en distribuant à leur tour des portions de leurs bénéfices, devenaient suzerains d'une foule d'autres vassaux, ducs, marquis, comtes, barons, qui étaient, eux aussi, les suzerains de feudataires moins puissants ; de sorte que chaque seigneur était en même temps suzerain et vassal : suzerain de ceux dont il avait reçu l'hommage ; vassal de celui à qui il avait donné sa foi et dont il avait reçu l'investiture.

L'hommage, l'investiture

L'hommage était l'acte par lequel un possesseur de fief se plaçait sous la protection d'un seigneur plus puissant et se constituait son vassal. Pour rendre l'hommage, le feudataire se présentait tête nue, sans épée, mettait un genou en terre, plaçait ses mains dans celles de son seigneur, se déclarait son homme et lui jurait fidélité la main sur l'Évangile. C'était ce qu'on appelait engager sa foi. Quand le suzerain avait reçu l'hommage, il donnait l'investiture, c'est-à-dire qu'il rendait à son vassal le fief qu'il venait d'en recevoir, il l'en investissait de nouveau, et comme symbole de cette restitution, il lui donnait un étendard, une branche d'arbre ou une motte de terre.

Devoirs féodaux

Les suzerains et les vassaux étaient liés les uns à l'égard des autres par des devoirs réciproques. Le suzerain devait à son vassal protection et justice : protection pour sa personne et ses biens, bonne et loyale justice devant ses pairs. Le vassal devait à son suzerain :

  • le service militaire quand celui-ci déclarait la guerre ;
  • le service de cour ou de justice qui consistait à assister le suzerain lorsqu'il rendait la justice ;
  • le service des aides, c'est-à-dire certaines redevances en nature ou en argent.

Ces devoirs remplis, chaque seigneur prétendait ne relever que de Dieu et de son épée.

Droits féodaux

Les seigneurs s'étaient attribué une foule de droits dont les vassaux et surtout le peuple supportaient les conséquences. Les principaux étaient ceux de chasse et de garenne, de banalité, de péage, de mainmorte, de gîte.

Le seigneur avait seul le droit de chasser le gibier dont la multiplicité causait parfois de graves dommages aux cultures ; il avait seul le droit de bâtir un four, un moulin et un pressoir donc chacun devait se servir moyennant redevance : c'était le droit de banalité. Par le droit de péage, le seigneur rançonnait le voyageur au passage des ponts qu'il avait fait construire sur ses terres. Le droit de mainmorte lui attribuait certains biens à la mort de leurs possesseurs, et celui de gîte l'avantage d'être hébergé gratuitement pendant ses voyages.

Les vilains

Les vilains ou roturiers venaient après les seigneurs ; ils étaient tenanciers si les terres leurs appartenaient, et mainmortables dans le cas contraire. Les vilains étaient libres de leur personne, mais payaient une redevance au châtelain pour les terres qu'il leur avait concédées ; de plus, ils étaient tenus de lui fournir un certain nombre de fournées de travail : c'est ce qu'on appelait les corvées. À cette classe appartenaient encore les habitants des villes, artisans ou marchands.

Les serfs

Les serfs formaient la dernière classe de la société féodale. Ils étaient attachés aux fiefs et ne pouvaient changeer de maîtres qu'avec les fiefs eux-mêmes. Tout le fruit de leur travail appartenait à leur maître qui ne leur devait que la nourriture, le vêtement et l'abri. C'étaient les serfs qui entretenaient les routes, creusaient les fossés du château et en réparaient les murs. Toutefois leur sort était moins dur que celui des esclaves de l'antiquité : ils avaientle droit de fonder une famille ; et l'Église, qui les baptisait et bénissait leur mariage, rappelait au besoin à leurs maîtres qu'ils n'avaient ni le droit de vie et de mort sur eux, ni le droit de les vendre comme de vils animaux.

Avantages et abus de la féodalité

On peut dire de la féodalité, comme de toute institution humaine, qu'elle eut son bon et son mauvais côté. À l'origine, elle fut une nécessité de salut national contre les invasions des Normands et des Sarrasins. Les populations que la puissance royale ne protégeaient plus, se placèrent sous l'autorité du seigneur, se recommandèrent à lui, et élevèrent eles-mêmes, pour s'y réfugier au moment du danger, ces forteresses, qu'elles maudiront plus tard. Les seigneurs acceptèrent leurs services, dirigèrent la défense et se montrèrent bienveillants tant que dura la lutte ; mais lorsque le péril extérieur eut disparu, tout changea de face, et il vint une époque où les avantages de l'institution n'en compensèrent plus les abus. Les querelles des seigneurs entre eux occasionnaient des guerres privées presque continuelles, et la multiplicité des droits féodaux n'était plus justifiée par la défense du territoire qui appartenait désormais au roi.

  1. Comment était composée la société féodale ?
  2. Qu'appelait-on suzerain ? vassal ?
  3. Quels étaient les grands vassaux de la couronne ? Qu'appelait-on pairie ?
  4. Comment étaient organisés les petits vassaux ?
  5. Qu'était-ce que l'hommage ? L'investiture ?
  6. Quels étaient les devoirs du suzerain envers son vassal ? Du vassal envers son suzerain ? Qu'appelait-on le service des aides ?
  7. Qu'appelait-on droits féodaux ? Qu'est-ce que le droit de banalité ? de péage ? de gite ?
  8. Quelle était la condition des vilains ? Qu'était-ce que la corvée ?
  9. Qu'appelait-on serfs ? Quelle était leur condition ? Quelle différence y avait-il entre eux et les esclaves de l'antiquité ?

Questions de récapitulation

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Première partie

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  1. Comment Pépin fut-il proclamé roi ?
  2. Par qui fut-il sacré et quelle était l'importance du sacre ?
  3. Racontez la guerre de Charlemagne contre les Lombards ?
  4. Où habitaient les Saxons ?
  5. Racontez la lutte de Witiking contre Charlemagne ?
  6. Quelles étaient les frontières de l'empire de Charlemagne ?
  7. Qu'appelle-t-on capitulaires ?
  8. En quoi consiste la grandeur de Charlemagne ?
  9. Que fit Charlemagne pour relever les études ?

Deuxième partie

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  1. Quel peuple opposa le plus de résistance à Charlemagne ?
  2. Comment mourut Louis le Débonnaire ?
  3. Nommez les fils de Louis le Débonnaire.
  4. Qu'est-ce que le serment de Strasbourg ?
  5. Que savez-vous du règne de Charles le Chauve ?
  6. Que savez-vous sur les Normands, leur religion, leurs mœurs ?
  7. Pourquoi le duc Eudes fut-il proclamé roi ?
  8. Comment s'est établi le régime féodal ?
  9. Quels étaient les grands fiefs de la France ?

Troisième partie

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  1. Qu'est-ce que le traité de Verdun ?
  2. Par qui les Normands furent-ils battus près d'Angers ?
  3. Quelle est l'origine des Capétiens ?
  4. Comment Rollon gouverna-t-il la Normandie ?
  5. Quels pays actuels comprenait l'empire de Charlemagne ?
  6. Quels étaient les principaux droits féodaux ?
  7. Qu'était-ce que l'hommage ?

Quatrième partie

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  1. Qu'était-ce que la corvée ? l'hommage ? le droit de banalité ?
  2. Que rappellent les dates suivantes : 800, 814, 843, 866, 888, 911 ?
  1. Y compris les règnes intercalés des Capétiens, Eudes et Raoul.
  2. Aujourd'hui, Cannstatt est un quartier de Stuttgart.
  3. Sithieu : aujourd'hui Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais.
  4. Septimanie : territoire de la Gaule contenant sept villes principales : Agde, Carcassonne, Elne, Maguelonne, Narbonne, Nîme et Uzès.
  5. Basques ou Vascons : peuple des Pyrénées.
  6. Durandal : nom poétique de l'épée de Roland. Celle de Charlemagne s'appelait Joyeuse.
  7. Victomte : vicaire du comte.
  8. Centenier : magistrat subordonné au comte, qui avait juridiction sur une centaine de familles.
  9. Capitulaire (de capitula, chapitres) : recueil de lois divisées en chapitres.
  10. Grands officiers : c'étaient principalement le chancelier chargé de rédiger les actes royaux, le référendaire qui présentait les actes à signer et les scellait ensuite de l'anneau royal, le comte du palais chargé d'instruire les causes que le roi devait juger.
  11. Calife : vicaire (de Mahomet), chef suprême de la religion musulmane.
  12. Leur autre frère Pépin était mort en 838.
  13. Serment de Strasbourg : par ce serment, les deux rois promettaient de se soutenir et de se défendre réciproquement.
  14. Langue tudesque : langue allemande.
  15. Langue romane : idiome mêlé de latin altéré, de celtique et de germain, qui est devenu la langue française.
  16. Lotharingie : bande de territoire à l'est de la Meuse, de la Saône et du Rhône, jusqu'au Rhin et aux Alpes. Une partie conserve encore le nom de Lorraine qui vient de Lotharingie ou royaume de Lothaire.
  17. L'Édit de Mersen, rendu en 847, déclarait que tous les hommes libres pouvaient se choisir un maître ou seigneur et lui promettre fidélité.
  18. Scandinavie : pays occupé actuellement par la Suède, la Norvège et le Danemark.
  19. Machabée : nom d'un chef du peuple juif qui défendit vaillamment son pays contre Antiochus et mourut en héros.
  20. Un troisième fils de Louis le Bègue, Charles le Simple, encore en bas âge, ne régnera que plus tard.
  21. À ta foi : à ta fidélité.
  22. Tribur : bourg situé près de la rive droite du Rhin.
  23. Montfaucon en Argonne : chef-lieu de canton, au nord-ouest de Verdun.
  24. Raoul avait épousé Emma, sœur d'Hugues le Grand.
  25. Louis IV d'Outre-Mer est ainsi appelé parce que sa mère Ogive, sœur du roi d'Angleterre, l'avait emmené chez son frère pendant le règne de Raoul.
  26. Déjà l'année précédente, il avait pénétré jusqu'à Aix-la-Chapelle où il avait failli surprendre l'empereur à table.
  27. Pont-levis : qui se lève et s'abaisse à volonté sur le fossé d'un château.
  28. Créneau : dentelures de maçonnerie, couronnant les tours ou les murailles et servant d'abri aux défenseurs.
  29. Trouvère : poète du nord. Ceux du midi étaient appelés troubadours.
  30. Roi Arthur : roi saxon qui, d'après les légendes poétiques, aurait accompli une foule d'exploits merveilleux grâce à une épée magique que lui avait remise l'enchanteur Merlin.
  31. Chansons de geste : poèmes légendaires du moyen âge racontant les hauts faits (geste) accomplis par un peuple, une famille ou un héros.
  32. Clercs : tous ceux qui étaient du clergé : non seulement les prêtres, mais ceux des ordres inférieurs.
  33. Crosse : bâton pastoral ; insigne de l'évêque et de l'abbé.
  34. Plus tard, il y eut six pairs ecclésiastiques : l'archevêque de Reims ; les évêques de Laon, de Langres, de Beauvais, de Châlons et de Noyon.