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Histoire de France/Affaiblissement de la monarchie

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Chapitre XI
Affaiblissement de la monarchie
Introduction

Cette période comprend deux règnes, et s'étend de 1715 à 1789.

Minorité de Louis XV

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Louis XV est né le 15 février 1710 à Versailles. Il est le troisième fils de Louis de France, duc de Bourgogne, surnommé le Petit Dauphin, et de Marie-Adélaïde de Savoie. Il est ainsi l'arrière-petit-fils de Louis XIV. De ses deux frères aînés, également prénommés Louis, le premier (titré duc de Bretagne) mourra en 1706 à l'âge d'un an, le second (reprenant le titre de duc de Bretagne), né en 1707, ne vivra que cinq ans.

À sa naissance, en pleine guerre de succession d'Espagne, le futur Louis XV, titré duc d'Anjou — titre porté précédemment par son oncle, Philippe de France, prétendant français au trône d'Espagne et futur roi Philippe V (1700-1746) — est immédiatement confié à sa gouvernante, la duchesse de Ventadour. Il n'est alors pas destiné à régner, se plaçant au quatrième rang dans l'ordre de succession dynastique. Avant lui, doivent logiquement régner le fils de Louis XIV, le Grand Dauphin, puis son père le Petit Dauphin, et enfin son frère aîné, le duc de Bretagne. Mais entre 1710 et 1715, une série de morts dans la famille royale met brusquement le jeune prince en première ligne dans la succession de Louis XIV : le Grand Dauphin meurt de la variole le 14 avril 1711. L'année suivante, une « rougeole maligne » emporte le Petit Dauphin et son épouse les 18 et 12 février 1712.

Les deux fils aînés du duc de Bourgogne, les ducs de Bretagne et d'Anjou, contractent également la maladie. L'aîné, Bretagne, meurt le 8 mars 1712. Le jeune duc d'Anjou, âgé alors d'à peine deux ans, devient alors l'héritier du trône de France avec le titre de Dauphin du Viennois, abrégé en Dauphin. Malade, sa santé est scrutée avec attention par Louis XIV, roi vieillissant et suffisamment affecté par les pertes familiales récentes pour se laisser aller à pleurer devant ses ministres. On craint longtemps pour la santé du jeune prince, mais, petit à petit, il se remet, soigné par sa gouvernante et protégé par elle des abus de saignées qui ont vraisemblablement causé la mort de son frère.

En 1714, Louis est confié à un précepteur, l'abbé Perot. Celui-ci lui apprend à lire et à écrire, et lui enseigne des rudiments d'histoire et de géographie et l'enseignement religieux du « roi très chrétien ». En 1715, le jeune dauphin reçoit également un maître à danser, puis un maître à écrire. En 1717, son éducation est désormais confiée à un gouverneur, le duc de Villeroy, et à un précepteur, André Hercule de Fleury, évêque de Fréjus. On lui apprend désormais le latin, les mathématiques, la cartographie, le dessin et des rudiments d'astronomie, mais, aussi, on lui enseigne à chasser. L'éducation manuelle n'est pas non plus négligée : en 1717, il apprend un peu de typographie, et en 1721, il s'initie à tourner le bois. Depuis 1719, il avait des maîtres de musique. Contrairement à Louis XIV, il n'avait que peu d'affinités pour la musique mais était attiré par l'architecture.

Le testament de Louis XIV établissait un conseil de régence ; le parlement cassa le testament et donna la régence au duc d’Orléans.

Les finances étaient en désordre : les guerres du règne précédent laissaient une dette de plus de deux milliards ; il fallait porter remède à ce problème. Le duc d'Orléans accorda sa confiance à l'Écossais Law, qui fonda une banque (1716) dont les opérations furent d'abord heureuses ; mais l'essai tenté sans prudence aboutit bientôt à la banqueroute.

D'après le système de Law, la monnaie d'or et d'argent, qui était rare, devait être remplacée par un papier monnaie dont la valeur serait garantie par l'État. Law fut donc autorisé à fonder une banque, puis une compagnie qui eut le monopole du commerce[1] de la Louisiane, du Mississipi et des Indes. Cette entreprise eut d'abord un grand succès ; chacun voulait avoir des actions de la banque et de la Combapigne, et ce qui s'était acheté 500 livres se vendit bien plus, vers 20 000 livres. Mais toutes ces fortunes consistaient en papiers. Des gens voulurent échanger leurs actions contre de l'or ; on s'aperçut bien vite qu'il n'y avait pas assez de numéraire pour rembourser tout le monde. Ce fut alors un désastre ; Law s'enfuit à l'étranger.

Cellamare, ambassadeur d'Espagne à Paris, avait formé une conspiration pour enlever la régence au duc d'Orléans, mais le ministre Dubois la découvrit (1717). Le régent conclut aussitôt une quadruple alliance avec l'Angleterre, la Hollande et l'Empire ; une armée de 30 000 hommes passa les Pyrénées et châtia les Espagnols. Philippe V demanda la paix et promit la main de l'infante d'Espagne au jeune Louis XV.

En 1720, la peste désola la Provence et tua plus de 80 000 personnes. Louis XV fut déclaré majeur en 1723. Dubois mourut ; le duc d'Orléans ne tarda pas à le suivre au tombeau.

  1. Qui succéda à Louis XIV ? Comment fut élevé le jeune roi ?
  2. À qui fut confié la régence ?
  3. Que fit le régent pour améliorer les finances ?
  4. Quel fut le résultat de cette tentative ?
  5. Pourquoi la guerre fut-elle déclarée à l'Espagne ? Qu'est-ce que la quadruple alliance ?
  6. Quel fléau marqua l'année 1720 ? En quelle année le roi fut-il déclaré majeur ?

Louis XV — Le cardinal Fleury

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Subdivisions du règne

Outre la Régence, le règne de Louis XV comprend quatre parties :

  1. le ministère de Bourbon (1723-1726) ;
  2. le ministère de Fleury (1726-1743) ;
  3. le gouvernement personnel (1743-1761) ;
  4. le ministère de Choiseul et les dernières années (1761-1774).
Ministère de Bourbon

Louis XV, au lieu de gouverner par lui-même, donna sa confiance au duc de bourbon[2], homme avide. Le nouveau ministre persécuta les protestants, aggrava le désordre des finances, mécontenta l'Espagne par le renvoi de l'infante, et faillit faire éclater une guerre en Europe en faisant épouser à Louis XV la fille de Stanislas Leczinsky, roi détrôné de Pologne (1725).

Ministère du cardinal Fleury

Après trois ans de ministère, le duc de Bourbon fut disgracié et remplacé par le cardinal Fleury, évêque de Fréjus, ancien précepteur de Louis XV. Ce vieillard de soixante-douze ans fit des économies, développa le commerce et l'industrie et gouverna la France dix-sept ans. Les navires marchands français se montrèrent sur toutes les mers, et les colonies d'Amérique et d'Asie se développèrent. Mais bientôt les événements vinrent troubler la paix.

Guerre de la succession de Pologne

La première guerre éclata en Pologne (1733). À la mort d'Auguste II, les Polonais élurent pour la seconde fois Stanislas Leczinski, que Louis XV essaya de soutenir. L'Autriche et la Russie lui opposèrent Auguste III, électeur de Saxe et fils d'Auguste II. La guerre commencée entre ces trois puissances se compliqua bientôt par l'intervention de l'Espagne qui s'unit à la France. Berwick assiégea et emporta Philipsbourg ; Villars conquit le Milanais ; les Espagnols s'emparèrent de Naples ; mais Stanislas fut vaincu en Pologne et perdit son trône.

Traité de Vienne

Le traité de Vienne (1738) termina la guerre. La Lorraine fut donnée à Stanislas, et il fut stipulé que cette province reviendrait à la France après sa mort ; l'Espagne recouvra le royaume des Deux-Siciles. « Après cette paix de vienne, avoue Frédéric de Prusse, la France était l'arbitre de l'Europe ».

Guerre de succession d'Autriche

La paix était à peine rétablie qu'elle fut de nouveau troublée par la mort de Charles VI, empereur d'Allemagne. Ce prince, par un acte connu sous le nom de pragmatique sanction, léguait ses vastes États à sa fille Marie-Thérèse. Mais le roi de Pologne, le roi d'Espagne et l'électeur de Bavière réclamèrent l'Empire qui était électif ; Frédéric II, roi de Prusse, voulait la Silésie.

La France, qui détestait l'Autriche, se déclara pour l'électeur de Bavière et fit alliance avec la Saxe, l'Espagne et la Prusse. Cette guerre se divise en deux parties.

Première période

La première période commence en 1741 par des succès et finit par des revers. L'armée française commandée par Maurice de Saxe, passé au service de la France, envahit la Bohême et s'empara de Prague, pendant que Frédéric II occupait la Silésie et menaçait Vienne.

Revers

Marie-Thérèse voyant sa capitale menacée, elle se retira dans ses États de héréditaires de Hongrie et fit appel au dévouement des grands qui jurèrent de la défendre. À partir de ce moment, la fortune change pour elle : elle détache Frédéric de la coalition en lui cédant la Silésie ; la Saxe et la Sardaigne se retirent également.

D'autre part, l'Angleterre, la Russie, la Hollande embrassent sa cause. Devant tant d'ennemis, le maréchal de Belle-Isle, qui avait remplacé Maurice de Saxe, est obligé d'évacuer Prague et la Bohême, et d'opérer une pénible retraite sur le Rhin où il essuie encore un désastre à Dettengen.

Fleury mourut en 1743, pendant que ce produisaient ces revers, et Louis XV manifesta l'intention de gouverner par lui-même.

2e période

Se voyant dans une situation critique, la France proposa la paix ; mais Marie-Thérèse la refusa. Alors le maréchal de Saxe, quoique souffrant, prit la direction des opérations militaire et gagna à Fontenoy en 1745, ce qui sauva la situation.

Victoire de Fontenoy

L'armée française envahit les Pays-Bas et rencontra à Fontenoy les armées combinées de l'Angleterre, de la Hollande et de l'Autriche. La première décharge des Anglais coucha par terre toute la première ligne française : le désordre se mit dans les rangs. Les Anglais formant une colonne compacte, avançaient toujours, résitant à tous les chocs et ouvrant de temps en temps leurs flancs pour laisser tirer leurs canons. La victoire, longtemps disputée, se décida pour les Français.

Nouvelles victoires

La lutte se continue aux Pays-Bas, en Italie et sur mer. La marine française, trop faible, lutte contre la marine anglaise et remporte quelques succès, mais plusieurs défaites ; en Italie, les victoires et les défaites se compensent ; mais c'est en Hollande que les grands coups sont donnés. Les victoires de Raucoux (1746) et de Lawfeld (1747), la prise d'un grand nombre de villes, entre autres, Maastricht et Bergop-Zoom, contraignent les ennemis à signer la paix.

Traité d'Aix-la-Chapelle

Par le traité d'Aix-la-Chapelle (1748), l'époux de Marie-Thérèse, François de Lorraine, est reconnu empereur d'Allemagne, la Prusse garde la Silésie, tandis que la France rendit toutes ses conquêtes. C'est ce que Louis XV appelait « traiter en roi et non en marchand ».

  1. Comment peut-on subdiviser le règne de Louis XV ?
  2. Qui Louis XV prit-il d'abord pour premier ministre ?
  3. Qui succéda au duc de Bourbon ? Que devint la France sous ce gouvernement ?
  4. Quelles furent les causes de la guerre de succession de Pologne ?
  5. Quelles furent les conditions du traité de Vienne ?
  6. Qu'est-ce qui amena la guerre de la succession d'Autriche ? Quels furent les alliés de la France ?
  7. Quels furent les premiers événements de cette guerre ?
  8. Quels revers éprouva ensuite la France ? Quelles puissances se tournèrent contre elle ?
  9. Quelle est la principale victoire de la seconde période ?
  10. Contre qui combattaient les Français à Fontenoy ?
  11. Quels furent les autres avantages remportés aux Pays-Bas ? Où la guerre continuait-elle ?
  12. Quelles furent les conditions du traité d'Aix-la-Chapelle ?

Louis XV — La guerre de sept ans

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Prospérité de la France

La France se releva des malheurs de la guerre. L'industrie prit un grand essor : les soieries, les draps fins, les tapisseries, les porcelaines étaient recherchés partout ; l'Europe, pour vivre « à la française », faisait la fortune du commerce. L'agriculture avait trouvé un puissant stimulant dans l'arrêté qui autorisait la libre circulation des grains. Le Canada, la Louisiane entretenaient d'actives relations avec les ports de l'océan atlantique ; Dupleix avait conquis tout le territoire qui relie Pondichéry à Chandernagor.

Jalousie de l'Angleterre

Cette renaissance maritime et commerciale inquiéta l'Angleterre. En même temps qu'elle s'unissait à l'ambitieux Frédéric II contre Marie-Thérèse, elle demanda à la France le rappel de Dupleix (1754), détruisit plusieurs forts du Sénégal, et déclara la guerre en enlevant des navires marchands. La France répondit à cette agression en envoyant le maréchal de Richelieu conquérir Minorque, possession anglaise dans les Baléares (1756).

Guerre de Sept ans

Au lieu de consacrer toutes ses ressources à la lutte contre l'Angleterre, Louis XV commit la lourde faute de s'allier avec Marie-Thérèse qui voulait reprendre la Silésie à Frédéric II. Ainsi la guerre commença presque en même temps sur le continent, sur mer et aux colonies.

Opérations militaires sur le continent

Les armées françaises remportèrent d'abord quelques succès en Allemagne. Richelieu obligea l'armée anglaise à capituler à Clostersevern. Mais Frédéric II, grand capitaine, se mit lui-même à la tête de ses armées, tandis que Louis XV restait à ses plaisirs et confiait ses soldats à des courtisans qui ne connaissant rien du métier militaire, se firent battre à Rosbach (1757) et à Crevelt (1758). Quelques succès furent cependant remportés à Berghen et à Clostercamp (1760).

  1. Faites connaître l'état de prospérité de la France au milieu du XVIIIe siècle. Quel homme essayait de conquérir les colonies françaises aux Indes ?
  2. Comment se conduisit l'Angleterre face à la France ? Où fut-elle battue ?
  3. Quelle faute fit Louis XV ?
  4. Quelles furent les défaites de la France sur le continent ? ses victoires ?
  5. Quelles défaites la France éprouva-t-elle sur mer ?
  6. Quelles colonies furent enlevées à la France ? Qui défendit le Canada ? les Indes ? Qu'est-ce que le pacte de famille ?
  7. Quelles furent les conditions du traité de Paris ?

Louis XV — Le ministre Choiseul

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Choiseul

Le ministre Étienne François de Choiseul dirigea les affaires de la France de 1758 à 1770. Issu d’une grande famille originaire de Lorraine, il porte – comme son père – le prénom du dernier duc de Lorraine et de Bar, François III Étienne. Sa réussite lui permet de devenir secrétaire d’État aux Affaires étrangères de 1758 à 1761, puis de 1766 à 1770, comme successeur de cardinal de Bernis et donc de diriger la diplomatie française pendant la guerre de Sept Ans. Il est fait alors « duc » et « pair de France ».

Période de prospérité

Après le traité de Paris, Choiseul travailla à préparer une guerre de revanche contre l'Angleterre. Il réorganisa l'infanterie, l'artillerie, le génie ; il fit construire un grand nombre de vaisseaux par le moyen de souscriptions qu'il provoqua, et la marine française se rebâtit. Il consola la France de la perte du Canada par la réunion de la Lorraine à la couronne (1766) à la mort du roi Stanislas ; par l'achat de la Corse (1768), par le développement des colonies qui restaient. Mais une intrigue le renversa et il fut remplacé par un triumvirat composé du duc d'Aiguillon, de Maupeou et de Terray.

Duc d'Aiguillon, de Maupeou et de Terray

Maupeaou détruisit les parlements et les remplaça par des cours de justice qu'on appela par dérision « parlements Maupeou » ; le duc d'Aiguillon laissa démembrer la Pologne par la Prusse, la Russie et l'Autriche (1722) ; Terray fut accusé de patronner une société d'accapareurs de grains qui provoqua une disette. Cette association reçut le nom de « pacte de famine ».

Mort de Louis XV

Le 26 avril 1774, se déclarèrent les symptômes de la petite vérole, alors que Louis XV était au Petit Trianon.

Le parlement de Paris envoya le dimanche 1er mai 1774, Nicolas Félix Van Dievoet dit Vandive, conseiller notaire secrétaire Maison et Couronne de France, greffier au Grand Conseil, pour s'enquérir de la santé du roi, comme nous l'apprend en son fameux journal le libraire parisien Siméon-Prosper Hardy :

« la nouvelle cour du Parlement n'avait pas manqué, suivant l'usage ordinaire, de députer le nommé Vandive, l'un des premiers principaux commis au greffe de la Grand Chambre et de ses notaires secrétaires, pour aller à Versailles savoir des nouvelles de la santé du Roi. Mais ce secrétaire ne pouvoit rendre compte de sa mission à l'inamovible compagnie que le mardi suivant, attendue la vacance accoutumée du lundi 2 mai ».

Les filles survivantes du roi, le Comte de Lusace, frère de la feue Dauphine, furent aussi présent lors de l'agonie du roi. Durant la nuit, une bougie fut allumée au balcon de la chambre. Elle fut éteinte à la mort du roi.

Le roi mourut des suites de la maladie (septicémie aggravée de complications pulmonaires) le 10 mai 1774, à 15 heures 30, au château de Versailles, dans l'indifférence du peuple et la réjouissance d'une partie de la cour. Variolique, il ne fut pas embaumé. Il laissa le trône à son petit-fils, le futur Louis XVI. Les obsèques eurent lieu le 12 mai dans la basilique Saint-Denis.

État des esprits

Les philosophes des lumières menaient une rude guerre, non seulement aux abus, mais encore à la royauté elle-même et à la religion ; Voltaire mène une lutte contre ce qu'il appelle « l'infâme », c'est-à-dire l'obscurantisme religieux. D'autres, les économistes, demandaient des réformes pour augmenter la richesse publique : la liberté du commerce, du travail, la suppression de la corvée, des douanes intérieures, etc. Il était devenu évident que des changements importants étaient devenus nécessaires dans l'état de la société.

Les écrivains du XVIIIe siècle

Les plus grands écrivains, qui exercèrent sur leur siècle une influence importante, furent Voltaire, Rousseau, Montesquieu et Buffon.

Les deux premiers, écrivains de combat, attaquèrent sous toutes les formes et avec toutes les ressources de l'esprit, les abus de la société, et préparèrent les esprits à la Révolution. On doit à Voltaire le Siècle de Louis XIV et l'Histoire de Charles XII.

Montesquieu par son ouvrage lEsprit des lois chercha à préparer l'avènement de la liberté. Il se proposait d'éclairer les gouvernements et non de les renverser, lui qui écrivait « qu'il ne faut toucher aux lois établies que d'une main tremblante ».

Le comte de Buffon, intendant du Jardin des Plantes, consacra cinquante ans de sa longue existence à écrire son Histoire naturelle des animaux dans un style revêtu des couleurs les plus éclatantes.

Les savants

Le XVIIIe siècle vit aussi briller dans les sciences des noms restés célèbres. Tels sont ceux de Monge, inventeur de la géométrie descriptive, de Lagrange, célèbre mathématicien, de Laplace et de Lalande, astronomes de talent ; de Réaumur, savant physicien, de Lavoisier, « créateur » de la chimie, d'Antoine de Jussieu, qui donna la classification naturelle des plantes.

À cette même époque, l'abbé de l'Épée se dévouait à l'instruction des sourds-muets, Valentin Haüy, fondait l'Institut des aveugles, le médecin anglais Jenner découvrait la vaccine, Parmentier vulgarisait la pomme de terre, Franklin inventait le paratonnerre et les frères de Montgolfier, les aérostats ; l'architecte Soufflot construisait le Panthéon, à Paris.

Les navigateurs

Les découvertes géographiques reculaient les limites du monde connu, surtout en Océanie. Bougainville, après avoir partagé la gloire de Montcalm au Canada, entra dans la marine et fit un voyage autour du monde dont il publia la relation. Quelques années après, un autre illustre marin, La Pérouse, envoyé par Louis XVI à la découverte de nouvelles terres, trouvait la mort sur les récifs des Nouvelles-Hébrides.

  1. Qui gouverna la France après la guerre de Sept ans ?
  2. Que fit Choiseul ? Par qui fut-il remplacé ?
  3. Que firent les successeurs de Choiseul ?
  4. Comment mourut Louis XV ?
  5. Qui attaquait la monarchie sous le règne de Louis XV ?
  6. Quels furent les plus célèbres écrivains du dix-huitième siècle ?
  7. Nommez les principaux savants.
  8. Qui découvrit de nouvelles terres ?

Louis XV — Guerre d'Amérique

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Louis XVI
Ses premiers actes

Les premiers actes de son gouvernement furent de remettre à la nation le droit de joyeux avènement[3], réduisit les impôts et les tailles, donna sur sa propre cassette 200 000 francs aux pauvres. Il appela au ministère l'économiste Turgot et le généreux Malesherbes, qui voulaient accomplir les réformes réclamées par l'opinion publique.

Turgot

Anne Robert Jacques Turgot, nommé contrôleur général des finances, remplaça les impôts existants par un seul impôts territorial sur toutes les classes ; il autorisa la libre circulation des grains et des farines ; il supprima les corvées, les jurandes et les maîtrises, et proclama la liberté du travail. Cependant, il fut contraint de démissionner en 1776. La cause immédiate de sa chute est incertaine. Certains parlent d’un complot, de lettres fabriquées de toutes pièces, et attribuées à Turgot, contenant des attaques sur la reine Marie-Antoinette, d’une série de notes sur le budget de Turgot préparée, dit-on, par Necker et montrée au roi pour prouver son incapacité. D’autres l’attribuent à la reine et il n’y a aucun doute sur sa haine de Turgot depuis qu’il a soutenu Vergennes dans l’affaire du comte de Guines.

Necker

Necker, banquier genevois, remplaça Turgot. Il voulu relever le crédit de l'État par l'ordre, l'économie, les emprunts, sans toucher aux privilèges. Un moment il ne parvint à ranimer la confiance, mais la guerre survint, et il ne put combler le déficit.

Guerre d'Amérique

En 1774, treize colonies anglaises de l'Amérique du nord, écrasés d'impôts, se révoltèrent contre la métropole[4]. Deux ans après, elles proclamèrent leur indépendance, sous le nom d'États-Unis d'Amérique, et prirent pour président Georges Washington.

La France qui en voulait à l'Angleterre, se montra enthousiaste pour la cause américaine. De jeunes nobles, entre autres la Fayette, partirent comme volontaires ; après l'ambassade de Franklin[5] à Paris, Louis XVI envoya en Amérique le marquis de Rochambeau, avec une petite armée (1778). En même temps, la marine française, commandée par d'Orvilliers, de Grasse, d'Estaing, de Guichen, la Pérouse et surtout Suffren, remportait des succès dans les mers de l'Europe, aux Antilles et aux Indes, où le bailly de Suffren battit cinq fois les Anglais.

Traité de Versailles

L'Angleterre, à bout de ressources, signa la paix de Versailles (1783). Elle reconnut l'indépendance des États-Unis, et rendit à la France une partie des colonies, le Sénégal et quatre villes des Indes.

Embarras financiers

Cette gloire extérieure coûtait cher à la France : le trésor était épuisé, et des idées d'indépendance et de liberté, contraires à la vieille monarchie, se propageaient dans toutes les classes.

Des ministres comme de Calonne et de Brienne avaient remplacé Necker (1781), et augmenté le déficit. De mauvaises récoltes amenèrent la disette ; des insurrections éclatèrent en Bretagne et en Dauphiné. La situation devenait de plus en plus critique ; on parlait de réunir les états généraux.

Convocation des états généraux

Le roi résolut alors de rappeler Necker, et il le chargea de préparer la réunion des états pour le 5 mai 1789. Les trois ordres de la nation, appelés à nommer leurs représentants aux états généraux, mirent par écrit leurs projets et leurs vœux de réformes ; c'est ce que l'on appelle les cahiers des états généraux (ou cahiers de doléances).

Dans ces cahiers, il était généralement demandé : un gouvernement constitutionnel[6], la responsabilité des ministres et des fonctionnaires, la liberté civile, l'abolition des privilèges et des droits féodaux, l'égalité des impôts, la liberté de conscience, l'unité des poids et mesures.

Aucune classe de français ne songeait à renverser le roi et à détruire la monarchie.

  1. Que savez-vous de Louis XVI ?
  2. Quels furent ses premiers actes ?
  3. Qui était Turgot ? Quelles réformes fit-il ?
  4. Qui était Necker ?
  5. Quelle fut la cause de la guerre d'Amérique ? Qui aida les Américains ? Quels furent les succès de la France sur mer ?
  6. Quelles furent les conditions du traité de Versailles ?
  7. Dans quelle situation financière se trouvait alors la France ?
  8. Qui fut chargé de convoquer les états généraux ? Que demandaient les cahiers de doléances ?

État de la France en 1789

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Retour sur les trois derniers rois

Lorsque Louis XIV prit le pouvoir, la France était forte et respectée ; elle avait vaincu les Espagnols et les Allemands mais ne menaçait pas l'équilibre européen. Louis XIV poussa trop loin les conquêtes, voulut être le maître de l'Europe et perdit ses alliés.

Avec Louis XV, la France subit de nombreuses défaites et perdit son empire colonial ; un grand mouvement se produisit dans les esprits à l'encontre de la monarchie.

Louis XVI fit plusieurs réformes pour son royaume, mais il vint trop tard pour sauver la monarchie.

Prospérité de la France en 1789

Malgré son défaut de suite et de fermeté dans les grandes réformes, le gouvernement de Louis XVI a apporté quelques fruits. La France, en 1789, est différente de celle connue un siècle avant. Les symptômes de cette prospérité se révèlent de plusieurs façons : l'industrie a fait des progrès considérables, le commerce se montre plus entreprenant ; le commerce maritime, en particulier, a doublé depuis vingt ans ; le produit de tous les droits de consommation augmente de deux millions par an, au témoignage de Necker ; en effet, à chaque renouvellement de bail entre l'État et les compagnies financières, on voit que le prix des fermages ne cesse de s'élever.

Les assemblées provinciales[7], établies depuis peu, procèdent à un grand travail de réforme administrative qui doit aboutir peu à peu à la suppression des privilèges et à une réforme politique. Il n'empêcha cependant pas la Révolution.

Causes de la Révolution

La Révolution de 1789 qui était sur le point d'éclater, avait de nombreuses causes, les unes conjoncturelles, les autres structurelles. Parmi les causes structurelles, on peut indiquer le pouvoir absolu qui depuis François Ier, et surtout depuis Richelieu mettait toute l'autorité dans la main du roi.

Les causes immédiates furent :

  1. Le déficit qui augmentait chaque année ;
  2. La guerre d'Amérique qui répandit dans le peuple les idées de liberté et d'indépendance ;
  3. Les menées du duc d'Orléans qui ambitionnait la couronne et encourageait secrètement le désordre ;
  4. L'inégalité des conditions et la mauvaise répartition de l'impôt.
Inégalité des conditions

La nation était toujours divisée en trois ordres comme au Moyen-Âge : le clergé, la noblesse et le tiers état. Le clergé et la noblesse formaient les ordres privilégiés.

  1. Le clergé possédait de grands biens ; de plus il avait droit à la dîme, impôt prélevé sur les produits de la terre.
  2. La noblesse, au moyen-âge, avait joui de nombreux privilèges.
  3. Le tiers état n'avait, au contraire, aucun privilège.
Les impôts

Les impôts, dont l'inégale répartition fut une des causes de la Révolution, existent encore aujourd'hui, mais ils sont plus équitablement répartis. Ils étaient divisés, comme de nos jours, en impôts directs et en impôts indirects.

Les impôts directs comprenaient la capitation, le vingtième du revenu et la taille. La capitation prélevée sur chaque personne et le vingtième étaient dus par tous, mais beaucoup de nobles savaient s'en faire exempter. La taille était établie pour entretenir l'armée.

L'impôt indirect portait sur les marchandises et sur les objets de consommation ; il était connu sous le nom d'aides, parce qu'il fut d'abord établi pour aider le souverain dans ses charges, et de gabelle ou taxe sur le sel.

L'Europe en 1789

En 1789, cinq grandes puissances tenaient le premier rang en Europe : la France, l'Autriche, la Prusse, l'Angleterre et la Russie.

La France avait à peu près la même étendue qu'avant 1870.

L’Autriche, outre les possessions allemandes et la Hongrie, avait encore les Pays-Bas et les duchés de Milan et de Mantoue (Italie).

La Prusse, grâce au génie de Frédéric II, comprenait le Brandebourg, une partie de la Poméranie et de la Pologne, la Prusse orientale, la Silésie et diverses petites provinces.

L’Angleterre, formée de l'Angleterre proprement dite, de l'Écosse et de l'Irlande, possédait Gibraltar et était très puissante par ses richesses, son commerce, sa marine et ses colonies.

La Russie se développait et cherchait à s'agrandir du côté de la Pologne.

Les États secondaires de l'Europe étaient : l'Espagne, le Portugal, la Hollande, l'Italie, la Suisse, la Suède, la Pologne et la Turquie.

  1. Dans quel état se trouvait la France en 1789 ? Que faisaient les assemblées provinciales ?
  2. Indiquez quelques causes de la Révolution.
  3. Quels étaient les ordres privilégiés ? En quoi consistaient les privilèges du clergé ? de la noblesse ?
  4. Quelle était, à la fin du XVIIIe siècle, la situation du tiers ? du paysan ?
  5. Quels étaient les impôts ? Comment étaient-ils répartis ?
  6. Quelles étaient, en 1789, les grandes puissances de l'Europe ? Quelles étaient les possessions de l'Autriche ? de la Prusse ? de l'Angleterre ?

Questions de récapitulation

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Première partie

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  1. Quel âge avait Louis XV en montant sur le trône ?
  2. Qui fut régent ?
  3. Quelle fut la cause de la guerre de Pologne ?
  4. Parlez de Choiseul.
  5. Quelles acquisitions fit la France sous son ministère ?
  6. Racontez ce que vous savez du Canada.
  7. Dites ce que vous savez de Turgot.
  8. Dans quel état se trouvait la France en 1789 ?

Deuxième partie

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  1. Quels sont les principaux faits de l'histoire de la régence ?
  2. Quelle princesse épousa Louis XV ?
  3. Quelles sont les principales guerres du règne de Louis XV ?
  4. Racontez la bataille de Fontenoy.
  5. Quels sont les plus célèbres écrivains du XVIIIe siècle ?
  6. Pourquoi Louis XVI convoqua-t-il les états généraux ?
  7. Quels étaient les impôts sous l'ancien régime ?

Tableau synoptique des guerres de Pologne et d'Autriche, sous Louis XV

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Guerre de Pologne
(1733-1738)
Causes À la mort d'Auguste II, les Polonais réélisent Stanislas, ancien roi : l'Autriche et la Russie lui opposent Auguste III. La France se déclare pour Stanislas, et s'allie à l'Espagne et à la Sardaigne.
Opérations militaires En Pologne : Fleury n'envoie en Pologne que 1 500 hommes qui se font tuer à Dantzig ; la ville capitule, mais Stanislas s'en échappe (1733).
Dans l'Est : Berwick s'empare de la Lorraine (1733) et investit Philipsbourg où il est tué.
En Italie : Villars prend Milan, Tortone et Novare (1734). Les Espagnols écrasent les Autrichiens à Bitonio.
Résultats Le Traité de Vienne (1738) donne la Pologne à Auguste III ; la Lorraine et le duché de Bar à Stanislas et à la France. François de Lorraine reçoit la Toscane ; le roi de Sardaigne, Tortone et Novare ; don Carlos d'Espagne, les Deux-Siciles.
Guerre de Succession d'Autriche
(1741-1748)
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Tableau synoptique de la guerre de sept ans et de la guerre d'Amérique

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  1. Monopole du commerce : droit de faire seul le commerce.
  2. Duc de Bourbon ou prince de Condé : le petit-fils du grand Condé.
  3. Droit de joyeux avènement : impôt spécial que percevait le roi à son avènement.
  4. Métropole : se dit d'un État considéré par rapport à ses colonies.
  5. Franklin : un des fondateurs de l'indépendance américaine, inventeur du paratonnerre.
  6. Gouvernement constitutionnel : gouvernement composé du roi qui gouverne et d'une assemblée qui discute les lois et les vote ainsi que le budget annuel.
  7. Assemblées provinciales : assemblées élues, dans chaque province, par les trois ordres de la nation, et chargées de délibérer sur les intérêts de la province. On peut les comparer aux conseils généraux actuels.