États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Écoutez les langues d'outre-mer
Yvan Amar, journaliste pour Radio France Internationale, a réalisé lors des états généraux du multilinguisme dans les outre-mer à Cayenne, un photomaton sonore avec quelques participants. Cet album est composé de 19 pastilles donnant à entendre les langues d'outre-mer où chacun nous raconte qui il est, d'où il vient, nous rapporte un extrait de vie ou fredonne une chanson.
Tony Mango parle le créole guadeloupéen. Il dit avoir eu la chance de parler créole en famille quand il était enfant, contrairement à beaucoup de gens de sa génération. Arrivé en région parisienne à l'age de dix ans, il a étudié plus tard l'espace caribéen, et la langue est devenue pour lui l'outil essentiel de découverte de son identité et de sa culture. Il milite pour l'avancée de la cause créole, en particulier parce que la langue est un outil fondamental des relations intergénérationnelles et de l'ouverture à l'autre.
Antoine Lamoraille parle le créole guyanais. Pour lui, c'est une langue de vie et de liberté qui permet aux ancêtres de sauver les enfants, qui permet la résistance et la vie en communauté. Cette langue est née dans le marronnage au XVIIème siècle. Elle a traversé toutes les colonisations anglaises, espagnoles, française, et aujourd'hui elle est encore en vie, malgré les difficultés et l'absence de scolarisation dans cette langue.
Marie-Annick Atticot parle le créole Guyanais. Quand elle était enfant, le créole était interdit à la maison. Elle n'est pas un « as » du créole, mais peu lui importe car elle a envie de le parler, et aujourd'hui, elle le parle, bien ou mal ! C'est une blessure de ne pas avoir transmis cette langue à ses enfants qui seront obligés de prendre des cours, si à leur tour ils veulent la transmettre à leurs propres enfants.
Randolph Lienga parle la langue saramaka. Cette langue est parlée en Guyane, au Surinam, et aux Pays-Bas et son désir est qu'elle soit enseignée à l'école, pour pouvoir être utilisée comme langue commune partout dans le monde. Le saramaka est la langue maternelle de plusieurs milliers de personnes.
Seefiann Deie parle l'Aloukou qui est une langue parlée sur la rivière Lawa en Guyane. L'Aloukou est un créole à base lexicale anglaise, issu des différentes communauté de marronnage venues du Surinam. Il a appris l'Aloukou aux côtés de sa mère. À la maison, Seefiann Deie parle aloukou avec ses enfants qui lui répondent en français. Mais comme le disait sa grand-mère, dans la vie, il faut essayer de bien comprendre les choses, mais ne pas se précipiter pour parler les choses !
Vinije Haabo parle le saramaka. Il a grandi au village jusqu'à l'age de 16 ans où il est allé en ville, à Paramaribo, au Surinam où il a fat ses études avant de voyager vers la Hollande où il a eu trois enfants avec qui il parle la langue saramaka. Mais la difficulté est de trouver des mots nouveaux en saramaka, pour décrire la culture de la ville.
Les anciens disent qu'aller vite, c'est bien. Mais progresser doucement, c'est aussi bien !
Jean-Marc Rosier parle le créole de la Martinique. Son nom lui vient de son arrière arrière grand père, un notable qui avait choisi de ne pas prendre le nom de sa mère, mais de faire de ses prénoms un patronyme. C'est à l'adolescence, grâce à un cousin, qu'il a compris qu'il pouvait dans toutes les situations user du français et du créole. C'est à partir de ce moment là qu'il s'est jeté dans l'étude du créole qu'il parle aujourd'hui à ses enfants. S'il les encourage à lui répondre en créole, cette langue reste pourtant la langue des adultes.
Marie-José Saint-Louis parle le Créole martiniquais. De parents antillais, elle est née en France. Elle est arrivée en Martinique à l'age de 13 ans, et ses camarades de classe lui faisaient remarquer son accent français, « brodé », avec des « R » un peu trop accentués ! Mais elle a pris son temps, et après des études d'allemand, elle a fait un 3ème cycle en créole. Elle est aujourd'hui professeur de créole dans le premier lycée de Martinique qui a ouvert ses portes au créole, pour l'option au baccalauréat, en 1997. Elle est aussi traductrice du « Petit prince » de Saint-Exupéry Saint-Exupéry en créole martiniquais.
Faïssoili Maliki par le shimaore. Il est né à Pamandzi, une ville située sur l'île de Mayotte, où il vit toujours et où il travaille. Le mahorais est sa première langue, la seule qu'il parlait à la maison et qu'il continue de parler avec ses frères et sœurs, ses parents, mais pas avec sa fille, avec qui il parle en français. Il ne maîtrise pas le Shibushi qui est cependant une langue autochtone très vivante à Mayotte. Le mahorais est une langue qui se créolise, en raison du vocabulaire qui est emprunté au français. « Deux avis font naître une perle », c'est le proverbe qu'utilise pour décrire le cheminement qui permettra de construire un nouveau projet de société à Mayotte.
Zaïna Moussa vit à Mayotte, elle parle Shibushi. C'est la langue qu'elle a hérité de ses parents, qui est parlée dans son village, et qu'elle utilise en famille et avec ses amis. Son village qui s'appelle Passi-Kely se situe dans le sud de Mayotte, dans la commune de Kani-Kéli. Dans le village tout le monde parle Shibushi. Quand des personnes parlant shimaoré viennent s'installer et se marient, leurs enfants utilisent les deux langues, selon les circonstances.
Gilbert Tein – Nouvelle Calédonie – Langue Nemi
Gilbert Tein raconte une histoire en Nemi.
Solange Ponija-Kavivioro – Nouvelle Calédonie – Ajië
L'Ajië est la langue du clan de Solange et est donc parlée par toute sa famille. Elle transmet l'Ajië à ses enfants, bien que son mari ne le parle pas. En tant qu'enseignante, elle estime que l'enseignement du français doit rester à l'école, et l'Ajië doit être transmis dans la sphère familiale.
Weniko Ihagué – Nouvelle Calédonie – Drehu Weniko Ihagué représente l'académie des langues canaques (kanak?!?!) dans son pays. Son nom, en Drehu, signifie « barrière », c'est à dire que le rôle de son clan est de prendre la décision de laisser quelqu'un rencontrer le chef de la tribu ou pas. La langue est transmise par les parents mais aussi par des rituels initiatiques. Plus qu'une langue, Weniko Ihagué considère que transmettre le Drehu à ses enfants, c'est aussi transmettre un système de valeurs.
Judith Profil – Créole de la Réunion Judith Profil est bilingue français-créole de la Réunion, et le parle avec ses parents, son compagnon et son enfant. Elle distingue deux créoles Réunionnais : le créole du haut (parlé dans la partie haute de l'île) et le créole « caf » (parlé dans la partie basse de l'île). Pour elle, le créole du haut est un créole bourgeois tandis que le créole du bas est considéré comme un créole des couches sociales plus défavorisées.
Louis Mussington et Robert Romney – Saint-Martin Mussington et Romney parlent le Saint-Martinois, ou l'anglais de Saint-Martin. La langue est transmise de génération en génération. Mussington et Romney parlent Saint-Martinois, anglais standard et français à leurs enfants. Ils considèrent que c'est une chance et une richesse d'habiter un pays où il y a une si grande diversité linguistique.
Ernest Marchal – Tahiti – Tahitien Ernest a appris la langue tahitienne à l'adolescence puis à l'université. Sa langue maternelle est le français et la langue tahitienne est sa langue seconde.
Bernadette Papillo – Wallis et Futuna
Bernadette Papillo parle Wallisien, car elle habite à Wallis, et un peu de Futunien avec sa famille paternelle quand elle lui rend visite.
Epifania Toa – Wallis et Futuna – Wallisien Les deux parents d'Epifania Toa viennent de Wallis, et ils lui en donc transmis la langue Wallisienne, car ils ne parlent pas français. En famille, elle parle Wallisien à ses enfants, et parfois français. Epifania Toa parle français seulement en classe ou lorsqu'elle rencontre des français, et il n'est donc pas rare qu'elle parle plusieurs jours, ou semaines, sans parler français.