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Philosophie/Dissertation

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Dans l'enseignement de la philosophie en France, la dissertation est l'exercice par excellence . Elle permet à l'élève de mettre en œuvre les connaissances qu'il a acquises et d'exercer ses facultés de raisonnement, et elle permet donc également d'évaluer l'assimilation de ces mêmes connaissances par l'élève, et sa capacité à s'en servir pour une réflexion à la fois personnelle et rigoureuse. Ces deux aspects font que la dissertation ne se réduit pas à un simple exercice scolaire. De grands philosophes ont écrit des dissertations, qui sont aussi de grandes œuvres. Mais on ne peut demander à un élève de produire de telles dissertations ; il est en effet nécessaire de commencer par apprendre l'exercice de la dissertation en tant qu'exercice purement scolaire, et, dans ce but, il est bon de formuler des règles certes assez formelles, mais qui permettent de guider la réflexion, en lui donnant le plus de rigueur possible.

Pour réussir une dissertation en philosophie, il faut tout d'abord savoir qu'il existe toujours plusieurs possibilités de construire une bonne argumentation et qu'il n'y a donc pas une méthode conduisant infailliblement à la réussite : il y a plusieurs bonnes méthodes parmi lesquelles le rédacteur doit choisir selon la manière dont il souhaite traiter le sujet. Ce choix détermine l'adoption d'un type de plan grâce auquel le rédacteur exposera son argumentation en suivant une problématique qu'il aura exposée clairement dès le début. Un bon choix n'exprime donc pas seulement la compréhension, bonne ou mauvaise, d'un sujet, mais également l'adéquation entre les moyens et la fin, autrement dit la capacité d'analyse et la maîtrise de l'argumentation en vue de résoudre des problèmes philosophiques.

Mais s'il n'y a pas a priori de méthode applicable à tout sujet, il reste néanmoins possible de formuler certaines règles générales, ce que nous proposons de faire ici.

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Forme générale d'une dissertation

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Une dissertation est un texte argumentatif qui présente et développe des questions à partir d'un sujet donné, et qui propose des réponses à ces questions. La dissertation philosophique porte généralement sur des questions et des notions philosophiques, mais il n'y a a priori aucune notion ni aucune question, aussi saugrenues puissent-elles paraître, qui ne puissent être l'objet d'une dissertation.

Une dissertation de philosophie comporte les trois parties suivantes  : une introduction, qui présente le sujet en expliquant quels problèmes vont être examinés ; un développement, dans lequel le rédacteur analyse le sujet et les notions du sujet, et développe les problèmes spécifiques au sujet ; une conclusion qui récapitule les résultats obtenus et qui propose une réponse explicite au sujet et aux problématiques formulées.

Il existe des règles à suivre pour chacune de ces parties : ces dernières demandent en effet une structure minimale dont on peut énoncer les règles. Bien que souvent très formelles et scolaires, ces règles permettent d'encadrer la réflexion et de la guider, et elles sont de ce fait très utiles pour éviter de se perdre en cours de rédaction. Loin d'être un obstacle à la pensée, elles lui servent de tuteurs.

Cela peut sembler une évidence, mais les nombreux hors-sujets faits par les élèves nécessitent de le rappeler :

  • un travail de dissertation a pour point de départ un sujet donné. Ce sujet est incontournable : on ne modifie pas le sujet, on ne fait pas non plus une dissertation entière pour le critiquer. Le sujet est pour le rédacteur une contrainte qui va lui permettre de mettre en œuvre ses facultés intellectuelles et ses connaissances. La non-liberté du sujet est la condition de la liberté de la pensée. D'où cette règle d'or :
  • Traiter le sujet, tout le sujet, seulement le sujet.

Bien des erreurs peuvent être évitées grâce à cette règle. Un élève qui écrit sa dissertation dans l'état d'esprit que suppose cette règle est déjà sur la voie d'un bon travail : concentration de la pensée sur le sujet, exploration des notions du sujet, élimination des hors-sujet.

Formes du sujet

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En philosophie, il existe plusieurs formes de sujet. Cette forme impose d'emblée certaines contraintes relatives au traitement du sujet et aux réponses que l'on devra fournir.

La forme de la question, rappelons-le, exige que l'on donne une réponse, même si cette réponse est l'aveu d'un échec. En philosophie, il est permis et parfaitement valable d'admettre que l'on est arrivé à rien, mais ce n'est jamais une solution de facilité : il faut toujours justifier l'échec de l'argumentation. Chaque type de question exige un certain type de réponse (mais ceci peut varier selon la problématique que l'on traite). En voici les principaux types :

  • Qu'est-ce que... ? : il s'agit de chercher une définition. Par conséquent, une définition est attendue en conclusion. S'il s'avère impossible de donner une définition, il faut expliquer pourquoi. Exemples : Qu'est ce qu'un homme libre ?
  • Peut-on... ? Non pas si cela existe, mais est-ce possible ? Dans certains cas = Doit-on ? Exemples : Peut-on aimer sans s'aimer soi-même ? Peut-on prouver la liberté ? Peut-on ne pas savoir ce que l’on fait ?
  • Doit-on... ?
Attention à ces deux dernières questions : il faut repérer dans quel domaine la réponse est exigée. Posez-vous la question : cela concerne-t-il la morale, l'action humaine en général.

Notion ou groupe de notions

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Ce type de sujet demande que l'on analyse des notions et que l'on exprime explicitement les problèmes qui se posent quand on les confronte. Il demande une solide culture philosophique et c'est pourquoi on le rencontre surtout à partir des épreuves à l'université.

L'introduction

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Comme son nom l'indique, une introduction introduit au sujet dont on va parler. Il faut penser qu'à ce stade de la dissertation, on part de rien : il est donc nécessaire de présenter le sujet, de l'examiner, d'expliquer pourquoi il peut faire l'objet d'une réflexion philosophique et comment on se propose de mener cette réflexion. Le rédacteur doit songer qu'il s'adresse à un lecteur auquel il veut faire comprendre pourquoi le sujet est intéressant, quels problèmes il soulève et quelles lignes argumentatives seront développées pour résoudre ces problèmes. Imaginer que l'on écrit pour un lecteur ignorant tout du sujet mais intelligent peut aider à comprendre la fonction de l'introduction et à bien la rédiger.

Parties de l'introduction

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Une introduction se compose de plusieurs parties :

  • L'introduction du sujet : le sujet peut être amené par une observation générale, un exemple, une citation. Certains défauts sont à éviter absolument :
    • ne pas user de généralités absolues et intemporelles : il y a de fortes chances pour que de telles généralités soient fausses ou creuses (ex : De tous temps, les hommes...). Une observation générale est en revanche tout autre chose : par exemple, un proverbe, une observation psychologique, etc.
    • il est préférable d'éviter les citations : « Kant a dit que : etc. » Il faut les éviter car des citations demandent en général à être expliquées, et ce n'est pas le but d'une introduction, ni même d'une dissertation, mais d'une explication de texte.
    • éviter les exemples trop particuliers : pas d'exemple personnel. Votre travail dans une dissertation philosophique est de vous efforcer de répondre d'une manière aussi complète que possible à une ou plusieurs questions. Les exemples personnels sont rarement de bons appuis pour la pensée !
  • Expliquez les mot-clés du sujet d'une façon générale mais développez l'explication la plus en rapport avec le sujet afin de pouvoir parvenir à l'étape suivante.
  • Problématisez : la problématisation consiste à poser des difficultés sous la forme de questions auxquelles il vous faudra répondre au cours de votre travail. Ces questions mettent en crise les notions examinées. Par exemple : vous travaillez sur la connaissance de soi. Il paraît évident que la conscience de soi nous renseigne sur nous-même. Mais la conscience n'est pas la connaissance ; voilà donc une problématique que l'on peut formuler ainsi : la conscience que nous avons de nous-mêmes nous permet-elle de nous connaître ?
  • Annoncez le plan : évitez les annonces scolaires du type : dans une première partie... dans une autre... Vous pouvez annoncer votre plan sous forme de questions : ceci est-il cela, ceci est-il un problème pour ce que nous examinons ; nous verrons ensuite s'il est possible ; puis nous chercherons ceci ou cela. Vous n'êtes pas obligé de dévoiler tout votre plan : indiquez les grandes lignes et cela suffira.

Pour se faire une idée de ce qu'est une bonne introduction, il n'est sans doute rien de plus instructif que de lire les premières lignes de certains traités.

Voyons par exemple comment Sextus Empiricus (un philosophe de l'Antiquité), dans ses Esquisses pyrrhoniennes, introduit son sujet, qui est l'explication du scepticisme :

« Ceux qui cherchent une chose, ou doivent la trouver, ou doivent dire qu'ils ne peuvent pas la trouver, et reconnaitre qu'elle est incompréhensible pour eux, ou enfin, incertains s'ils peuvent la trouver ou ne pas la trouver, ils doivent continuer dans leur recherche. C'est là ce qui arrive dans les diverses questions de la philosophie. Les uns disent qu'ils ont trouvé la Vérité ; les autres disent qu'elle est incompréhensible ; et les autres continuent à la chercher. On appelle Dogmatiques, ceux qui s'imaginent l'avoir trouvée ; tels sont Aristote, Épicure, les Stoïciens, et quelques autres. Ceux qui ont dit qu'elle était incompréhensible sont, par exemple, Clitomaque, Carnéade et les autres Académiciens. Et ceux qui la cherchent toujours, ce sont les Sceptiques. »

Sextus part d'une observation générale à propos du fait de rechercher quelque chose. Il précise ensuite son idée en appliquant ce problème général à la question de la recherche de la vérité (qu'il n'examine pas ici en détail, mais qui sera une problématique essentielle de son livre), et il esquisse un classement de différents groupes de philosophes. De là, il arrive naturellement au scepticisme, c'est-à-dire à son sujet, que son accroche a déjà permis de situer à peu près. Le lecteur non seulement sait de quoi il va être question, mais perçoit d'emblée vers quel genre de questions Sextus va l'emmener (principalement, si nous pouvons trouver la vérité).

Le développement

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Rôle et forme du développement

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Une fois le sujet introduit, vient le moment d'examiner en profondeur les différentes questions posées. Cette partie est appelée le développement. Il est constitué d'arguments et d'exemples, soutenus par une culture philosophique qui consiste à recourir à des auteurs, et ces arguments et ces exemples doivent être reliés entre eux de manière à aboutir progressivement à la résolution (ou à la non résolution) d'un ou plusieurs problèmes philosophiques contenus dans le sujet. Comme les éléments du développement doivent être présentés de manière cohérente et progressive, la question que l'on se pose en premier lieu est de savoir comment organiser son exposé, c'est-à-dire que l'on doit chercher quel peut être le meilleur plan.

Il existe plusieurs types de plan. Avant de connaître ces types, la question essentielle est : selon quels critères dois-je construire un plan ? La réponse est très simple : le plan doit correspondre à l'articulation des problèmes que vous posez d'après le sujet.

Un exemple simple pour commencer

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Le plan le plus simple que vous pouvez adopter si vous ne trouvez pas d'autres solutions, est le plan dialectique répondant surtout à un sujet sous forme de question :

  • Première partie : examen de la thèse
  • Deuxième partie : examen des limites de la thèse
  • Troisième partie : résolution du conflit

Il faut prendre cependant garde à ne pas adopter un plan contradictoire : dire "oui" puis "non" puis "oui et non" n'est pas valable dans une dissertation parce qu'il s'agit moins d'une argumentation que de l'examen successif de plusieurs positions. Or, une argumentation, et donc une dissertation, est un ensemble dont les parties sont logiquement reliées : tout en ayant sa propre unité, chaque partie doit présenter une certaine continuité avec ce qui la précède et ce qui la suit : la dissertation doit donc être progressive.

Si ce plan est réellement progressif, il peut être valable, mais il comporte des pièges difficiles à éviter pour un débutant : le plus important se trouve dans la troisième partie, où il s'agit de produire une véritable synthèse, ce qui demande une solide réflexion ; par exemple : peut-on réduire l'amour à une pulsion animale ?

  • oui, car l'amour est la spiritualisation de l'instinct ;
  • non, car il existe de nombreuses formes d'amour (amour intellectuel, amour de Dieu, etc) ;
  • résolution : l'amour a bien une origine animale, mais les formes qu'il prend ne sauraient se comprendre uniquement d'après cette origine.

Comme vous pouvez le voir, la réponse n'est ni oui, ni non, mais n'est pas non plus un peut-être évasif : elle reprend certains aspects du oui et du non, et produit une synthèse qui est une véritable réponse. Mais pour montrer qu'il s'agit bien d'une réponse, encore faut-il ne pas se contenter de l'énoncer ; à ce stade, un développement de la thèse défendue est nécessaire, et il peut être particulièrement utile, pour ce faire, d'en proposer des illustrations analysées. L'utilisation d'exemples est en effet un procédé qui a sa place dans une argumentation, et des exemples bien choisis et correctement analysés fournissent de bonnes justifications à la thèse à laquelle le rédacteur est parvenu.

Erreurs fréquentes

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  • Le hors-sujet : c'est l'erreur « absolue », puisque le sujet n'est pas du tout traité. Il existe pourtant un moyen simple de s'en garder : puisque votre introduction doit définir des problématiques liées au sujet, la manière la plus sûre d'éviter le hors-sujet est de les relire constamment pendant la rédaction du développement. La règle est simple : tout ce que vous écrivez doit être toujours relié à ces problématiques.
  • L'absence d'exemples : bien qu'une dissertation philosophique soit un exercice hautement théorique, l'absence de tout exemple est un défaut grave et pourtant très fréquent. L'exemple est loin de n'être qu'une simple illustration d'un argument. Bien choisi et analysé, il permet de l'éclairer et de le développer. Il permet en outre de montrer que l'on ne parle pas dans le vide, mais que, tout au contraire, le point discuté à des conséquences éthiques, scientifiques, etc. palpables. Il existe plusieurs sortes d'exemples. Pour illustrer un point lié à un domaine spécifique, comme la politique, les sciences ou le droit, on choisira des exemples qui illustrent et confirment une argumentation issue de la riche histoire de chacun de ces domaines. Ainsi, pour discuter d'un point relatif à la philosophie des sciences, il est capital d'avoir à disposition des exemples précis pour ne pas parler dans le vide. Mais l'exemple peut être aussi imaginaire afin de mettre en évidence des questions que l'argumentation peut avoir du mal à faire ressortir.
  • La restriction à un domaine : cette erreur consiste à ne voir le sujet que sous un seul jour, alors qu'il s'applique à de nombreux domaines. Analyser les notions de « propre » et d' « appropriation de soi » seulement sous le jour de l'identité et de la conscience individuelles, c'est manquer par exemple la question de notre corps et qui pose immédiatement des problèmes éthiques liés à la médecine et au droit. Procéder à un élargissement des problématiques traitées, c'est non seulement se donner les moyens de traiter un sujet avec suffisamment d'exhaustivité, mais c'est aussi se donner les moyens d'illustrer richement une argumentation avec des exemples de domaines variés. L'argumentation en sera alors renforcée et de nombreuses nuances pourront également être mises à jour, ce qui est difficile lorsque l'on s'enferme dans une seule et unique perspective.
  • Le catalogue de références et de citations : bien que la dissertation soit un exercice argumentatif qui puisse se passer de toutes références à des auteurs, l'usage de ces références est une exigence qui a pour finalité d'évaluer la compréhension que l'élève a acquise des textes philosophiques étudiés en classe. De ce fait, l'utilisation de références ne doit jamais être un catalogue de ce que des penseurs ont dit, mais montrer que l'on est capable d'intégrer des références dans une argumentation, ce qui est le signe que l'on a compris les auteurs que l'on cite. Mais, bien souvent, les élèves se contentent de reproduire les idées des auteurs étudiés, ce qui finit par remplacer l'argumentation elle-même. Afin d'éviter ce piège, il convient de se demander si l'utilisation que l'on fait d'un auteur est ou non une partie de votre argumentation. Si c'est le cas, la référence ou la citation se traduira formellement dans la dissertation d'une manière proche de celle-ci :
« [...] Platon, dans le Phédon, déduit de cette hypothèse [que vous venez de formuler] que... Il soulève ainsi la question de... ou : Il montre ainsi que la question se pose aussi dans tel domaine, etc. »
Et, à la suite de cette référence, vous devez examiner ce que dit Platon et ce que vous pouvez en retirer, car ne pas le faire montrerait à l'évidence que votre utilisation de ce philosophe était en fait inutile.

Le développement pas-à-pas

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Voyons maintenant d'un peu plus près comment écrire ce développement.

Vous venez de terminer l'introduction, et vous vous retrouvez à présent devant cette tâche de rédiger la partie substantielle de votre travail. Par où commencer ? Il peut sembler naturel d'attaquer directement par la première problématique.

La conclusion clôt votre travail, et doit montrer à quoi vous êtes parvenu. Il convient donc d'avoir à l'esprit ce que vous avez écrit en relisant votre dissertation pendant que vous écrivez votre conclusion. Étant donné l'importance de la conclusion, on peut recommander de l'écrire d'abord au brouillon, de prendre le temps de la travailler, avant de l'écrire au propre.

  • Récapituler : une brève synthèse de ce que vous avez acquis au cours de votre réflexion :
    • qu'avons-nous trouvé ?
      • on peut, par exemple, commencer une conclusion de cette manière : « Nous avons commencé par examiner telle question, et nous avons trouvé que la conscience diffère de la connaissance dans la mesure où etc. »
    • quelles questions avons-nous résolues, quelles questions demeurent sans solutions ?
    • il ne faut surtout pas poursuivre l'argumentation de votre problématique en conclusion ; si vous ressentez le besoin de le faire, c'est que votre développement comporte des lacunes.
  • Conclure en répondant à la question : relisez l'introduction, et répondez aux questions que vous avez posées et répondez au sujet.
Attention : une réponse ne veut pas dire que vous devez avoir la solution de tous les problèmes : une réponse peut être un constat d'aporie, i.e. que l'on ne sait pas comment répondre à la question. C'est une réponse philosophique à part entière. Mais surtout, expliquez bien pourquoi vous ne pouvez répondre. Par exemple : cela dépasse nos capacités de connaissance (et il est impératif de dire de quelle manière) ou bien nous nous trouvons face à un dilemme, c'est-à-dire que nous avons deux solutions également convaincantes et nous ne voyons pas de raison de choisir l'une plutôt que l'autre.
  • Évitez les ouvertures en fin de conclusion. Ces ouvertures sont trop souvent des pièges où l'on tombe dans des généralités qui affaiblissent la qualité de la conclusion. De plus, par définition, une conclusion doit clore votre traitement du sujet ; proposer une ouverture, c'est bien souvent proposer un autre sujet que vous ne pourrez évidemment pas traiter, et on ne vous le demandait d'ailleurs pas. En toute rigueur, une fois que vous avez répondu aux questions posées dans l'introduction, votre travail est terminé. Pourquoi faudrait-il ajouter quelque chose ?

Comment s'organiser ?

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Dans le cadre d'un examen, il est important d'apprendre à maîtriser son utilisation du temps et d'adopter une marche à suivre permettant de répartir son effort intellectuel. Si chacun est le mieux placé pour trouver quelle est l'organisation qui lui convient, des conseils de bon sens peuvent être donnés :

  • Lire le sujet :
    • S'il s'agit d'un ensemble de notions, le premier travail consiste à noter au brouillon l'ensemble des notions qui s'y rattachent. Exemple : conscience > esprit > pensée > sujet, etc. Mais il faut noter également les contraires : inconscient, inconscience, etc. Cela vous évitera de commettre des contre-sens en distinguant les différents sens d'un mot et ses différents contraires, et vous permettra de traiter un sujet de la manière la plus complète possible.
  • Travailler au brouillon : bien souvent, le plus pratique consiste à écrire les grandes lignes du développement, puis à rédiger soigneusement l'introduction une fois seulement que votre travail de réflexion est achevé.
  • Rédiger proprement une introduction : une bonne introduction montre votre compréhension du sujet. C'est pourquoi vous pourrez avoir la moyenne, alors même que votre développement serait médiocre.
  • Rédiger proprement une conclusion : on peut par exemple rédiger une première conclusion approximative avant de passer à la rédaction du développement, puis retravailler ce brouillon à la fin (il faut donc veiller à garder assez de temps) avant de la mettre au propre.
  • Rédiger le développement directement sur votre copie à partir du plan développé au brouillon. Il n'est en effet pas possible d'écrire proprement un développement en un temps limité.
  • Écrire lisiblement et séparer les parties par plusieurs sauts de ligne.
  • Se relire : à la fin de votre travail, il est souhaitable d'avoir réservé 10 ou 15 minutes pour se relire et corriger les fautes d'orthographe. Une mauvaise orthographe fait très mauvais effet. De plus, si vous repérez pendant cette relecture des passages, des expressions ou des mots qui vous apparaissent finalement superflus et qui peuvent être supprimés sans dommage pour votre travail, vous pouvez les rayer proprement. Le correcteur ne vous tiendra pas rigueur de ces quelques ratures si elles ne rendent pas illisible votre copie.

Il n'y a pas de style obligatoire pour rédiger une bonne dissertation, mais puisque cet exercice est argumentatif, certaines règles paraissent incontournables. Il s'agit de règles relatives au style argumentatif, elles n'interdisent donc pas de cultiver un style personnel et littéraire, bien qu'il faille garder à l'esprit que le but de la dissertation est de présenter et de faire comprendre des arguments. En voici quelques-unes.

  • Être clair : c'est sans doute l'exigence fondamentale, car la clarté d'un texte argumentatif est l'expression d'une pensée maîtrisée.

Dans le but d'être clair et de bien se faire comprendre, certains défauts sont à éviter :

  • ne pas introduire de notion nouvelle sans nécessité ni définition : tout usage d'une notion doit être justifiée et servir l'argumentation. Il faut donc expliquer ce que l'on veut dire par un mot nouveau lorsqu'on l'introduit la première fois. Si le lecteur ne sait pas en quel sens vous utilisez une notion, votre argumentation sera, au mieux, vague, au pire inintelligible.
  • bannir le jargon. Hormis les notions dont vous avez besoin et que vous devez avoir définies, l'utilisation de termes compliqués est inutile et nuit à la compréhension de votre argumentation. Il vaut mieux vous en tenir à des mots simples que vous maîtrisez. Une idée répandue est que, pour philosopher, il faut créer des mots nouveaux ou utiliser des mots courants dans un sens inhabituel. Cela peut être vrai dans certains cas, mais les exemples de philosophes (comme Hume) qui expriment une pensée riche dans une langue peu technique montrent que ce n'est pas vrai en général.
  • réduire au minimum l'utilisation des mots outils comme « donc », « or », « c'est pourquoi », « mais ». Si votre argumentation est bien formulée, ses articulations logiques doivent apparaître d'elles-mêmes. Un usage abondant de ces mots est souvent le signe qu'ils sont utilisés sans nécessité.
  • faire des phrases simples. Formuler correctement un argument ne demande pas de grandes qualités littéraires, et construire des phrases recherchées complique inutilement votre tâche, qui est simplement de vous faire comprendre par votre lecteur, non de produire en lui des effets esthétiques.

Au final, une bonne dissertation peut être très pauvre stylistiquement et ne contenir quasi exclusivement que des mots d'usage courant et des articulations logiques. La réduction de votre rédaction à l'essentiel permet par contre-coup de mettre en évidence ses qualités argumentatives. Bien entendu, la compréhension d'un texte passe aussi par des qualités littéraires, et une argumentation dépouillée n'est pas nécessairement plus simple à comprendre. Un idéal pourrait être de parvenir à un équilibre entre une présentation claire et économe des arguments, alliée à une expression littéraire agréable soutenant cette présentation.

Notation et progression

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Objectivité de l'évaluation

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Contrairement à une idée reçue, l'évaluation d'une dissertation philosophique n'est pas le fruit du hasard, de l'humeur du professeur, ou de tout autre critère arbitraire et extérieur au devoir qui est corrigé. Les notes ne présentent pas non plus de grandes variations selon le professeur qui fait l'évaluation, à supposer bien entendu que celui-ci fasse bien son travail. Pour s'en convaincre, il suffit d'interroger les membres d'un jury de philosophie : ceux-ci notent séparément les mêmes copies, puis se réunissent pour harmoniser les notes. L'expérience prouve que ces notes sont rarement très différentes. Cette observation peut être également confirmée par tout élève qui rédige des dissertations : si vous avez bien assimilé les règles de la dissertation, et si vous vous exercez à porter un regard critique sur votre travail, vous serez en mesure de dire approximativement quelle note vaut votre devoir.

Les remarques du professeur

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L'évaluation de la dissertation ne se traduit pas seulement par une note, mais aussi par des commentaires écrits en marge par le professeur. Ces commentaires peuvent être critiques ou au contraire souligner ce qui est réussi. Il est donc important de faire deux choses pour progresser :

Se relire en cherchant à comprendre pourquoi un passage est mauvais d'après le professeur ; au besoin, allez le voir et lui demander des explications ;

Relire régulièrement les bons passages et les prendre pour modèle.

Dans tous les cas, relire des copies corrigées est un exercice à part entière qui permet de progresser très vite.

Puisque la notation en philosophie n'est pas arbitraire, on peut fournir un barème qui se retrouve à peu de choses près du lycée à l'université. En voici les grandes lignes.

En dessous de 8/20, la copie est mauvaise. Le rédacteur ne maîtrise pas l'exercice, a commis un hors-sujet massif tout au long de son travail ou n'a pas compris le sujet, ce qui revient souvent au même.

De 8 à 10, la copie témoigne d'une faible maîtrise de l'exercice et comporte des lacunes ou des fautes graves, comme un sujet mal posé, même s'il est à peu près compris, quelques passages hors-sujet, une argumentation trop succincte, ou encore des analyses de notions insuffisantes ou inexistantes.

De 10 à 12, la copie est moyenne et présente quelques bonnes qualités. Par exemple, le sujet est bien compris, mais l'argumentation manque de clarté, présente quelques lacunes ou n'est pas suffisamment développée. Bien souvent, l'obtention d'un 12 signifie que l'on a commis des erreurs faciles à corriger.

De 12 à 14, c'est une bonne copie. 12 devrait être la note minimale d'un élève qui maîtrise bien la méthode et qui ne commet pas de fautes graves. 14 suppose qu'en outre le sujet soit bien posé et bien traité tout au long du devoir, même si quelques petits défauts ponctuels peuvent se trouver. 14 est une très bonne note et un étudiant qui se situerait à ce niveau tout au long de ses études possède une maîtrise de l'argumentation et une intelligence philosophique qui le situent parmi les meilleurs élèves.

Les notes au-dessus de 14 témoignent d'une complète maîtrise de tous les aspects de la dissertation et d'un traitement solide du sujet.

Les notes au dessus de 16 sont très rares, et on touche ici à l'excellence : connaissance approfondie d'un sujet et sans faute.

Travailler une notion en vue d'une épreuve

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Puisque les sujets de dissertation se présentent sous la forme de notions et de questions comportant des notions, une méthode qui permet d'éviter d'« errer » en étudiant une notion consiste tout simplement à faire la liste des questions susceptibles d'être posées à une épreuve, et à les regrouper suivant des problématiques variées. Ce genre de listes peut être établi grâce aux rapports de jury et à des sites qui répertorient les questions posées les années précédentes au bac. C'est une méthode très efficace pour maîtriser une notion et assimiler les problématiques fondamentales qui se posent pour chacune d'elles.

Sujets de dissertation

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  • Le progrès a-t-il conclu un pacte avec la barbarie ?
  • Y a-t-il un rapport foncier entre la philosophie et la vie ?
  • Vérité et bonheur

Liens externes

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