Mode d'emploi de la raison/Métaphysique et théologie
Qu'est-ce que l'unité ?
[modifier | modifier le wikicode]L'être d'un individu est d'avoir des propriétés et des relations qui déterminent son être dans le monde. Tout son être est d'être dans le monde dont il fait partie.
L'être d'un concept est d'être attribué à des êtres dans tous les mondes possibles où il est défini. Tout son être est son être dans cet espace de mondes possibles.
L'être d'un être matériel est d'apparaître dans le monde matériel en faisant de l'effet sur les autres êtres matériels et en subissant leurs effets. Tout son être est son être dans le monde matériel.
Tout l'être d'un être est son être dans un tout ou d'être un tout ou les deux.
Un monde en miettes n'est pas vraiment un monde. Pour être vraiment un monde, pour être tout court, un monde doit avoir une unité, il doit être un. Tout est un. Hen kai pan. L'un et le tout. Mais qu'est-ce qui fait l'unité d'un monde ?
Une main séparée du corps n'est pas une main, mais seulement un morceau de cadavre (Aristote, Pascal).
Dans un monde unifié, chacun de ses constituants est vivifié par la présence de tous les autres, un être ne peut pas être ce qu'il est sans les autres.
Qu'est-ce que la vie ?
[modifier | modifier le wikicode]"Un produit organisé de la nature est celui dans lequel tout est fin et réciproquement aussi moyen." (Kant, Critique du jugement, §66, 1790, traduite par Jacques Auxenfants)
L'unité d'un corps vivant est beaucoup plus que sa résistance mécanique. Toutes les parties d'un corps vivant rendent des services aux autres parties et en reçoivent. C'est l'essence de la vie. Un corps vivant est essentiellement un réseau autocatalytique (Kauffman).
Un système de molécules est un réseau autocatalytique si et seulement si la synthèse de chaque molécule est catalysée par d'autres molécules.
Catalyser veut dire accélérer sans être consommé. Si une réaction est vraiment très lente, on peut considérer qu'elle est impossible, et catalyser veut dire faire exister.
L'ADN est un catalyseur de la synthèse de l'ADN et de l'ARN. L'ARN est un catalyseur de la synthèse de l'ARN, de l'ADN et des protéines. Les protéines sont des catalyseurs de la synthèse de l'ADN, de l'ARN, des protéines et de toutes les autres molécules produites dans un corps vivant.
L'unité d'un esprit et de tous les esprits
[modifier | modifier le wikicode]L'être d'un esprit est son être dans l'Univers, et tout particulièrement ses relations avec les autres esprits. Tout son être est d'apparaître, à lui-même et aux autres, en faisant de l'effet sur la matière et les esprits, et en laissant la matière et les esprits faire de l'effet sur lui. Tout l'être d'un esprit est son être dans le monde des êtres matériels et des esprits.
Pour vouloir, il faut vouloir se tenir à sa volonté, il faut respecter sa propre volonté, il faut vouloir vouloir.
Vouloir vouloir est le principe de l'unité d'un esprit, parce que toutes les composantes de l'esprit doivent respecter les décisions qu'elles ont prises en commun, comme une administration centralisée sans administrateur central.
Vivre pour le bien est le principe de l'unité de tous les esprits, parce que le bien d'un esprit est de vivre pour le bien de tous les esprits. Le bien d'un esprit est toujours une fin pour tous les esprits. Chaque esprit reçoit des services des autres esprits et doit leur rendre service, ainsi qu'à lui-même.
L'unité de toutes les vérités
[modifier | modifier le wikicode]Toutes les vérités forment une totalité cohérente. Quand on cherche la vérité, toutes les vérités s'assemblent comme les pièces d'un puzzle. On les trouve chacune une par une et elles s'assemblent comme par magie.
Les mensonges et les fictions peuvent aussi être cohérents, mais ils n'ont pas la grandeur de la vérité. La vérité est la plus grande totalité cohérente.
La cohérence de toutes les vérités est le meilleur critère pour les reconnaître, parce qu'une vérité montre qu'elle est une vérité par son être dans la totalité cohérente des vérités. C'est le principe du cohérentisme : la cohérence de toutes les vérités révèle qu'elles sont des vérités.
L'exigence de cohérence est le principe de l'unité de toutes les vérités. Un ensemble de vérités doit toujours être cohérent. Si un ensemble d'énoncés n'est pas cohérent alors au moins un d'entre eux n'est pas une vérité.
Un ensemble d'énoncés est cohérent si et seulement il existe un monde logiquement possible tel qu'ils sont tous vrais.
Une contradiction est la conjonction d'un énoncé et de sa négation. Un énoncé et sa négation ne peuvent jamais être vrais tous les deux en même temps. Si un ensemble d'énoncés contient un énoncé et sa négation alors il n'est pas cohérent.
L'exigence de cohérence est le principe de toutes les règles logiques. Elles interdisent toutes les incohérences mais autorisent tout le reste. Un énoncé est une conséquence logique des énoncés qui le précèdent si et seulement si sa négation n'est pas cohérente avec eux.
Les règles logiques conduisent toujours du vrai au vrai. Elles nous montrent les chemins de la vérité, comment avancer et vivre dans la vérité.
Grâce aux règles logiques, chaque vérité peut servir à justifier et expliquer d'autres vérités, et elle peut être justifiée et expliquée par d'autres vérités. Les règles logiques montrent donc l'unité de toutes les vérités.
Les principes fondamentaux sont ceux qui expliquent et justifient tous les principes. Ensemble ils forment une unité, parce que chacun peut être expliqué et justifié à partir des autres.
Le principe que l'être d'un être est son être dans une totalité unifiée vaut aussi pour la poésie :
Une Idée m'invite à penser
Des syllabes se mettent à danser
Et s'amusent en faisant des rimes
Ces œillades amoureuses expriment
Plus tendrement que des préceptes
Les doux rendez-vous des concepts
Toutes les parties dans un poème
Par toutes les autres sont vivifiées
Si c'est un bel écosystème
Alors le vrai est signifié
Qu'est-ce qu'une cause finale ?
[modifier | modifier le wikicode]Une cause finale est une fin à atteindre, un but, un objectif.
Lorsqu'un être existe pour atteindre une fin, on appelle souvent cette fin sa fonction, ou une de ses fonctions s'il en a plusieurs.
Une cause finale est une cause motrice parce qu'elle nous met en mouvement si nous avons choisi de l'atteindre. Le désir est le principal moteur du mouvement pour tous les êtres qui désirent.
La vérité de n'importe quel énoncé peut être choisie comme une fin. Elle est atteinte si et seulement si l'énoncé est vrai. Une conjonction de fins est une fin. Elle est est atteinte si et seulement si toutes les fins dont elle est la conjonction sont atteintes.
Choisir le mal est toujours un mauvais usage de la volonté. Les fins doivent toujours être des biens. La vraie cause finale est toujours le bien (Aristote).
Le désir et la volonté ne sont pas les seules causes de l'existence des causes finales, parce que les êtres vivants atteignent de nombreuses fins qu'ils le veuillent ou non. La plupart des fonctions vitales ne sont pas contrôlées par la volonté.
Les machines que nous construisons atteignent les fins que nous voulons qu'elles atteignent. Puisque les corps vivants atteignent des fins sans qu'ils les aient voulues, on a supposé qu'ils ont été conçus par une intelligence divine. On appelle cet argument la preuve téléologique de l'existence de Dieu. Telos veut dire fin. Cet argument n'est pas concluant, parce que l 'évolution par sélection naturelle explique pourquoi les êtres vivants atteignent leurs fins (Dawkins, L'horloger aveugle). Mais on peut quand même se demander si l'apparition de la vie et de l'esprit dans l'Univers sont des fins voulues par Dieu.
Y a-t-il une cause finale de l'être ? Une cause finale de tous les êtres ? Une cause finale de notre Univers ?
Pour trouver la vérité, il faut chercher le bien et la beauté (Platon, Aristote, Leibniz, Spinoza, Einstein, Dirac ...). C'est étonnant. Pourquoi la réalité devrait-elle être belle ? Ne faut-il pas croire à la vie en rose pour affirmer qu'une théorie doit être belle pour être vraie ? Pourquoi le bien et la beauté devraient-ils être la vérité ?
Il se trouve que ça marche. Platon ne s'est pas trompé. La recherche du bien et de la beauté conduit vraiment à la vérité. La physique théorique et toutes les autres sciences fondamentales confirment qu'une théorie doit être belle pour être vraie.
Si une vérité n'est pas belle, elle est une vérité à propos d'un cas particulier. Les lois les plus fondamentales sont aussi les plus générales. Ensemble elles forment toujours une belle totalité.
Le bien et la beauté ne sont pas séparables. Ce qui est vraiment beau est bien. Ce qui est vraiment bien est beau. La beauté est toujours aussi ce qu'il y a de plus utile, mais ce n'est pas parce que c'est utile que c'est beau, c'est parce que c'est beau que c'est utile (Hegel).
Si le bien est la cause finale de l'Univers, pourquoi y a-t-il autant de mal ? Le mal n'est pas là pour demeurer. Le bien est de le faire disparaître, ou au moins de le réduire.
D'abord je veux puis cela est
La voix du désir mène au vrai
Au commencement était la fin
La fleur est née de son parfum
À l'origine de l'Eureka
L'essence pensée, le prédicat
Peut-être aussi tout l'Univers
Pour un dessein est découvert
L'éternel vivant, le meilleur
Sème ce qu'il aime, le grand bonheur
Qu'est-ce que Dieu ?
[modifier | modifier le wikicode]La métaphysique, la science de l'être, et la théologie, la science de Dieu, sont une seule et même science, parce que Dieu révèle la vérité de tous les êtres et parce que tous les êtres révèlent la vérité de Dieu.
La générosité divine
[modifier | modifier le wikicode]« Il n'est pas possible que la divinité soit envieuse. » (Aristote, Métaphysique, livre A, 983a)
Tout se passe comme si la raison était une divinité généreuse, qui donne sa sagesse à tous ceux qui veulent vraiment la connaître. La première vérité sur la raison est qu'elle est généreuse. Elle n'est pas envieuse, elle ne nous prive pas du meilleur. Elle ne serait pas la meilleure si elle privait un seul d'entre nous du meilleur.
Ce court traité a présenté de nombreux exemples de la générosité de la raison :
Tous les êtres révèlent par leur existence des vérités universelles et éternelles.
Nous disons la vérité sur la vérité en disant qu'elle est de dire des êtres qu'ils sont ce qu'ils sont.
Nous connaissons des vérités absolues, nécessaires, sans condition.
La loi, donc la parole, est le fondement de l'être.
Nous pouvons apprendre par le raisonnement tout ce que les lois enseignent.
Tout se passe comme si la matière et l'esprit avaient été faits l'un pour l'autre, parce que la nature de la matière est d'obéir à des lois et que la nature de l'esprit est de connaître les lois.
Nous connaissons assez bien, parfois avec une très grande précision, les lois de la Nature, et nous pouvons toujours en découvrir davantage.
La beauté de la Nature élève l'esprit. Comment une telle beauté est-elle apparue ?
Les esprit sont capables de connaître le bien, de le vouloir et de le faire.
La vérité sur le bien révèle l'unité de tous les esprits, parce que le bien d'un esprit est de vivre pour le bien de tous les esprits.
Un idéal du savoir donne à un esprit la vertu intellectuelle, la puissance d'atteindre la vérité.
L'épistémologie est le savoir de tous les savoirs. Elle donne à tous les moyens de bien observer tous les savoirs. Elle est le Soleil qui éclaire tous les esprits.
Les bons principes sont comme des moteurs ou des fusées qui nous transportent jusqu'aux sommets les plus élevés du savoir.
Les fruits de la raison sont universels. Les bonnes observations, les bons principes et les bons raisonnements sont toujours bons pour tous les esprits. Si un esprit peut récolter les fruits de bons principes, alors tous les esprits peuvent récolter les mêmes fruits.
Quand on connait les lois des lois, on est comme un législateur et un créateur de tous les mondes possibles.
Toutes les vérités forment une totalité cohérente. Elles s'assemblent comme les pièces d'un puzzle et comme par magie.
Nous voulons la puissance de connaître le bien et de le faire, et nous voulons donner cette puissance, puisque la donner est un bien. Mais est-ce vraiment possible ? Ne faut-il pas être Dieu pour avoir la puissance de de connaître le bien, de le faire et de donner cette puissance ?
Il semble que le bien et la beauté sont la cause finale de l'être, parce qu'on trouve la vérité quand on les cherche.
Garder le meilleur pour soi, ne pas le donner, n'est pas le meilleur mais le pire : priver les autres du meilleur. Le meilleur n'est pas de garder pour soi le meilleur mais de le donner. La puissance de donner le meilleur est le meilleur. Donc la puissance de donner la puissance de donner le meilleur est aussi le meilleur.
Une preuve de l'existence de Dieu : il faut une puissance divine pour que la vérité sur la vérité soit connue. Or la vérité sur la vérité peut être connue, et elle est connue. Donc il y a une puissance divine.
Cette preuve suppose que seul Dieu a vraiment la puissance de donner la vérité sur la vérité. Nous avons cette puissance seulement par délégation, parce qu'il nous l'a donnée.
La raison enseigne des vérités éternelles. Elle est comme une parole divine, comme si elle était la sagesse divine que Dieu nous révèle. C'est pourquoi on peut la considérer comme une manifestation de la générosité divine. L'existence des preuves est une preuve de l'existence de Dieu, parce que c'est Dieu qui révèle les preuves.
Dieu est le plus généreux. C'est ainsi qu'il est le plus grand, le meilleur et le plus puissant.
La plus grande bonté de Dieu est de nous enseigner comment être bon. Et en enseignant la bonté, il nous enseigne en même temps comment enseigner la bonté, parce que la puissance d'enseigner la bonté fait partie de la bonté.
Nous avons la puissance de donner la puissance par délégation. La première source de la puissance est toujours Dieu. Il n'y a que Dieu qui a vraiment la puissance de donner la puissance. Nous avons la puissance de donner la puissance seulement si Dieu le veut.
Le principe que le bien d'un esprit est de vivre pour le bien de tous les esprits est lui-même un bien pour tous les esprits, donc une manifestation de la générosité divine.
La raison est-elle divine ?
[modifier | modifier le wikicode]Pourquoi dire de la raison qu'elle nous est donnée par Dieu ? Pourquoi ne pas dire que nous nous la donnons à nous-mêmes ?
Nous faisons la science, nous faisons exister tous les savoirs quand nous les développons, les enseignons et les discutons. Sans nos travaux de producteurs de vérité, la raison n'existerait pas. Elle est notre invention et notre œuvre.
"Dieu a fait les êtres humains à son image et ils le lui ont bien rendu." La sagesse et la générosité que nous attribuons à Dieu sont-elles des projections d'une sagesse et d'une générosité seulement humaines ?
La raison est nécessaire. Elle ne peut pas ne pas être ce qu'elle est. Nous ne décidons pas de ce qu'elle est. Elle ne dépend pas de nos décisions arbitraires ou de notre bon plaisir.
Nous n'inventons pas la raison, nous la découvrons. Elle est ce qu'elle est de toute éternité. Quand nous faisons la science, nous découvrons une possibilité éternelle.
Quand nous découvrons la raison, nous découvrons en même temps que nous sommes capables de la découvrir, mais nous ne décidons pas comment la découvrir. C'est la raison qui nous montre comment découvrir la raison. Il est faux de dire que nous faisons la raison, la vérité est que c'est elle qui nous fait.
Si on croit que la puissance de faire le bien est la seule véritable force, et que seule la raison donne cette puissance, alors la raison est la première source de toute force. Sans la raison, nous sommes sans force. Avec la raison, nous trouvons la force et la force de nous donner la force, mais nous ne choisissons pas ce qu'est cette force.
Puisque la première source de toute force, la raison, nous destine au bien, il est naturel de l'identifier à la parole divine.
Notre force est seulement de recevoir toute la force que Dieu nous donne, de laisser cette puissance agir en nous. Dieu donne la force mais nous ne pouvons pas l'exiger, seulement l'espérer, la laisser venir, et parfois l'exercer. Nous n'avons pas la force de nous donner la force, sauf si Dieu nous donne cette force, et nous n'avons pas non plus la force de choisir ce qu'elle est.
La preuve de Saint-Anselme de l'existence de Dieu
[modifier | modifier le wikicode]Dieu existe veut dire qu'il actuel. Il faut distinguer l'être seulement possible, qui existe seulement comme objet de pensée, et l'être actuel, qui existe vraiment, qui est une réalité. Saint-Anselme (Anselme d'Aoste, archevêque de Canterbury, 1078) a prouvé que Dieu est actuel en montrant qu'un être ne peut pas être le meilleur sans être actuel.
Le meilleur est.
Preuve : Il n'y a pas de contradiction à supposer l'existence d'un être le meilleur, donc le meilleur est logiquement possible. Or être possible est déjà être. Donc le meilleur est.
Le meilleur est actuel.
Preuve : si un être est bon, être actuel est meilleur qu'être seulement possible. Donc le meilleur est actuel. S'il ne l'était pas, il ne serait pas le meilleur.
Nous ne savons pas très bien ce qu'est Dieu mais nous savons que nous ne pouvons lui attribuer aucun défaut. S'il avait une imperfection il ne serait pas Dieu. Il réunit en lui toutes les perfections. Sa sagesse est parfaite. Il choisit toujours le meilleur des possibles. Sa puissance n'est limitée par aucun adversaire. Il en va de même pour toutes les qualités qu'on peut songer à lui attribuer. Il est toujours le meilleur, ou la somme de toutes les perfections.
Pour un libre penseur rationaliste, l'affirmation que Dieu est le meilleur est simplement une hypothèse avec laquelle on peut raisonner, comme avec n'importe quelle hypothèse. Rien ne nous interdit de faire des hypothèses et de voir, par le raisonnement, si elles peuvent nous enseigner quelque chose.
L'argument d'Anselme prouve avec une logique impeccable, parfaitement rigoureuse, que penser à un Dieu fictif est comme penser à un cercle carré. On raisonne mal sur Dieu, sur l'être sans défaut si on le conçoit seulement comme un produit de notre imagination. Ne pas être bon est un défaut et être seulement imaginaire est un défaut pour un être bon. Donc l'être sans défaut ne peut pas être seulement imaginaire. Notre faculté naturelle de raisonner suffit pour le prouver.
La preuve d'Anselme ne suffit pas pour convaincre un sceptique. Elle montre seulement qu'on peut raisonner correctement sur l'être le meilleur, et qu'il doit être plus qu'une fiction pour être vraiment sans défaut. Mais cela ne suffit pas pour prouver que cet être le meilleur n'est pas une fiction, puisqu'on peut raisonner correctement sur des fictions.
Que nous puissions raisonner correctement sur l'être le meilleur est le point important. La lumière naturelle suffit pour connaître le meilleur. Tout se passe comme si Dieu nous avait donné la faculté de raisonner et l'idée d'un être le meilleur pour que nous puissions le connaître. Un sceptique peut toujours répondre qu'un tel savoir est hypothétique, ce qu'il est, mais cela n'empêche pas de le développer. Si c'est vraiment un bon savoir, il suffit de découvrir par le raisonnement tout ce qu'il peut nous enseigner pour s'en rendre compte. Un bon savoir porte des fruits.
Anselme prouve l'existence de Dieu à partir de l'idée d'un être le meilleur, mais dire que Dieu existe, ce n'est que savoir très peu de Lui. La prémisse, que Dieu est le meilleur est beaucoup plus importante que la conclusion, qu'il existe, parce qu'elle est beaucoup plus riche de conséquences, parce qu'elle nous apprend tout ce que nous avons besoin de savoir sur Dieu.
Il y a de nombreuses façons d'exister. Quand on affirme l'existence de Dieu, on ne parle pas de n'importe quelle façon d'exister, on veut surtout dire qu'il existe en tant que créateur, qu'il nous a prouvé son existence en créant l'Univers, que la création est la révélation de sa vérité. La matière et la lumière dans lesquelles nous vivons font partie de l'existence de Dieu.
Paece que Dieu est le meilleur, il a la meilleure des existences. Être le meilleur et ne pas nous en faire profiter est de la faiblesse ou de l'égoïsme et ne peut donc pas être le meilleur. Dieu a créé le monde parce qu'il est généreux. Il ne serait pas le meilleur sans cette générosité.
L'affirmation que Dieu est le meilleur, la somme de toutes les perfections, est une hypothèse ouverte. À elle seule elle reste très indéterminée. Elle nous invite à raisonner. Il faut la compléter en affirmant quelles sont ces perfections que nous pouvons attribuer à Dieu. Quand on affirme qu'il est le meilleur on ne sait pas d'avance ce que c'est qu'être le meilleur, on doit l'apprendre.
La théologie rationnelle est la connaissance rationnelle de Dieu. Mais comment Dieu peut-il être connu rationnellement ? À partir de son œuvre, y compris la raison. Toute la création, sans exception, peut être interprétée comme la parole de Dieu. Tout parle, tout dit la parole de Dieu. En donnant la création, Dieu a donné sa parole et les êtres capables de l'entendre. La raison est le savoir et la sagesse qu'il nous fait partager.
Anselme est le saint des penseurs rationalistes (Descartes, Spinoza, Leibniz, Hegel ...) et de tous les croyants, chrétiens ou non, qui croient que la science est un don de Dieu.
Les épidémies, la famine, la misère, la torture, les massacres et toutes les horreurs, font partie de la création. Si Dieu est le meilleur, pourquoi laisse-t-il exister toutes les horreurs ? L'existence du mal n'est-elle pas une preuve que tous les discours sur les perfections divines sont vains et insensés ? (Voltaire 1759)
On ne peut pas toujours raisonner sur les perfections divines comme sur les perfections humaines (Spinoza 1677). Pour un être humain, laisser le mal exister dans sa demeure n'est sûrement pas une perfection. Mais transposer ce raisonnement à l'Univers et à son créateur ne semble pas légitime. Nous ne savons pas ce que pourrait être un univers qui ne laisserait pas exister le mal, parce qu'il nous priverait de notre liberté, et parce que la privation de liberté est un mal. Mais surtout nous ne sommes pas en position de juger ce que Dieu aurait dû faire et qu'il n'a pas fait. Croire que nous pouvons savoir mieux que Dieu ce qu'il aurait dû faire est vain et insensé. Évidemment nous ne pouvons pas lui apprendre ce que c'est qu'être le meilleur, c'est lui qui nous l'apprend.
Du point de vue de certains athées (pas tous) l'expression théologie rationnelle est contradictoire, comme un cercle carré. Ils ne font pas la différence entre la religion et la superstition et considèrent que les croyances religieuses ne sont que des fantasmes. Le développement des sciences et de la raison est supposé nous ouvrir les yeux et nous débarrasser de ces vaines illusions. Mais cette prétendue opposition entre la raison et les religions est contredite par l'histoire du développement des savoirs. De très nombreux savants ont fait progresser les sciences en cherchant à connaître Dieu à partir de son œuvre. Et l'existence même de la raison, de notre capacité à la développer, peut être interprétée comme une preuve de la générosité divine. Athées ou croyants, nous ne savons pas par avance ce qu'est la raison, nous le découvrons tous les jours, et nous devons l'apprendre. Les athées ne sont pas les seuls à s'opposer à la déraison, les croyants aussi. Et il n'est pas nécessaire d'être athée pour être scientifique. Si l'athéisme conduit à ignorer tout ce que les religions enseignent sur la raison, il devient la déraison.
- Ah bon, tu ne sais pas que Dieu existe ?
- Je ne l'ai jamais vu. Pourquoi je croirais qu'il existe ?
- On ne peut pas le voir. Pour le reconnaître dans sa création, il faut le connaître par la pensée. Si tu le cherches dans ta pensée, et si tu veux le trouver, tu le trouveras. Il n'abandonne jamais personne, surtout pas ceux qui le cherchent.
« Dieu, personne ne l'a jamais contemplé. Si nous nous aimons, Dieu habite en nous et son amour se réalise en nous. Nous savons que nous somme en lui et qu'il est en nous grâce au Souffle qu'il nous a donné. » (1 Jean 4, 12-13, traduit par Florence Delay et Alain Marchadour)
La vérité sur la vérité et l'amour de l'amour
[modifier | modifier le wikicode]Pour vraiment aimer, il faut connaître, parce que si on aime sans connaître, on ne connaît pas ce qu'on aime, et cette ignorance nous empêche d'aimer vraiment.
Pour vraiment connaître, il faut aimer, parce que si on connaît sans aimer, on ne connaît pas vraiment, on ne sait pas que le connu mérité d'être aimé. Sans la connaissance de l'universalité de l'amour, on ne peut pas connaître vraiment. Si on ne sait pas que Dieu n'abandonne jamais personne, qu'il donne son amour à tout ce qui est, on ne comprend rien à rien.
Pas d'amour sans connaissance. Pas de connaissance sans amour. Or Dieu est en même temps l'amour et la vérité. Pas de vérité sans amour. Pas d'amour sans vérité. Pas de vérité sur la vérité, et sur l'amour, sans amour de l'amour. Pas d'amour de l'amour, et de la vérité, sans vérité sur la vérité. Pas de vérité sur l'amour, sans l'amour de la vérité. Pas d'amour de la vérité, sans la vérité sur l'amour.
La théologie est en même temps la vérité sur la vérité, la vérité sur l'amour, l'amour de la vérité et l'amour de l'amour.
Il n'y a pas de science s'il n'y a pas de vérité sur la vérité, parce qu'il n'y a pas de savoir sans savoir sur le savoir. Il n'y a pas d'amour sans amour de l'amour, parce que si on n'aime pas aimer, on ne peut pas aimer.
Le plus aimé de Dieu
[modifier | modifier le wikicode]Christ veut dire le oint, le béni, le plus aimé de Dieu.
On oint son front, avec de l'huile, pour qu'il brille sous le Soleil.
Dieu n'abandonne jamais personne, sinon il ne serait pas Dieu. Donc nous sommes tous aimés et bénis par Dieu.
L'intolérance est une faute. Or Dieu est sans faute. Donc nous sommes tous également aimés par Dieu. Donc nous sommes tous potentiellement le Christ.
Quand nous nions que nous sommes potentiellement le Christ, nous renions l'amour de Dieu pour nous, comme si nous voulions que Dieu ne nous aime pas. Le problème n'est pas que Dieu ne nous aime pas, mais seulement que nous ne l'aimons pas.
Une leçon sur l'histoire de l'humanité
[modifier | modifier le wikicode]L'humanité est à l'âge des ténèbres quand la plupart des êtres humains connaissent mal le bien et le mal.
L'humanité est à l'âge des lumières quand la plupart des êtres humains connaissent bien le bien et le mal.
Jusqu'à présent (2025) l'humanité est à l'âge des ténèbres.
Fin de la leçon.
Les êtres humains connaissent mal le bien et le mal, parce qu'on les leur enseigne mal. Si on enseigne bien ce que sont vraiment la vérité, le savoir, le bien et le mal, on peut espérer passer à l'âge des lumières, et accomplir ainsi la volonté de Dieu.