Les suites et séries/Les suites monotones réelles
Pour rappel, les suites monotones regroupent les suites constantes, croissantes et décroissantes.
- Dans le cas où chaque terme de la suite est plus grand que le précédent (pour tout rang , on a : ), la suite est dite strictement croissante.
- Dans le cas contraire, on a pour tout rang et la suite est dite strictement décroissante.
- Si , la suite est dite décroissante.
- Si , la suite est dite croissante.
Certaines suites récurrentes sont soit croissantes, soit décroissantes, selon leur premier terme ou la fonction utilisée. Tel est le cas de la suite définie par la relation : la fonction est décroissante avec et croissante avec .
La convergence des suites monotones (qui sont soit croissantes, soit décroissantes) est assez simple à étudier, car il existe des critères de convergence spécifiques à ce type de suites.
Les suites majorées/minorées
[modifier | modifier le wikicode]Dans le cas le plus simple, il suffit de déterminer si elles sont croissantes ou décroissantes et de vérifier si elles ont un minorant/majorant. On peut se retrouver avec quatre cas bien précis :
Croissante | Décroissante | |
---|---|---|
Pas de majorant (mais un minorant) | Limite égale à la borne inférieure | |
Pas de minorant (mais un majorant) | Limite égale à la borne supérieure |
Démonstration |
Les propriétés précédentes ne sont que des corolaires du fait que toute suite convergente est bornée. Commençons par le cas d'une suite croissante. Celle-ci est naturellement minorée par son premier terme, qui est le plus petit terme de la suite. Si la suite n'a pas de majorant, elle n'est pas bornée : elle doit donc diverger. Mais si elle a un majorant, alors elle est bornée. Vu son caractère croissant, on sait qu'il existe un rang au-delà duquel la différence avec la borne supérieure sera négligeable. Par définition de la borne supérieure, on a un rang au-delà duquel : . Dit autrement, la suite converge. Le raisonnement pour la suite décroissante est l'exact copier-coller du raisonnement précédent, en changeant borne supérieure par borne inférieure et en intervertissant majorant et minorant. |
Les suites adjacentes
[modifier | modifier le wikicode]La propriété précédente a une conséquence assez intéressante dans le cas de suites dites adjacentes. Les suites adjacentes sont deux suites et qui respectent les propriétés suivantes :
- est croissante alors que est décroissante ;
- pour tout rang ;
- .
Par définition des suites adjacentes, on sait que tout terme de la suite croissante est plus petit que n'importe quel terme de la suite décroissante.
- , pour tout n et tout p.
Cela a deux conséquences :
- La suite est majorée : tout terme de est un majorant de la suite.
- La suite est minorée : tout terme de est un minorant de la suite.
Grâce à cela, on peut prouver que deux suites adjacentes ont la même limite.
Démonstration |
Prenons deux suites adjacentes : une suite croissante et une suite décroissante . Prouvons que les deux suites convergent :
Prouvons ensuite que ces deux limites sont les mêmes. Pour cela, partons de la formule :
On sait, depuis le chapitre sur les opérations sur les limites, que . En faisant le remplacement, on a : Donc, les deux limites sont égales : les deux suites convergent vers la même limite. |
Exemples : suites suites arithmétiques et géométriques
[modifier | modifier le wikicode]Les suites arithmétiques et géométriques sont les exemples les plus simples de suites monotones (sauf pour certaines suites géométriques, qui sont alternées). Aussi, nous pouvons démontrer leur convergence avec les théorèmes vus dans ce chapitre.
Les suites arithmétiques non-constantes divergent
[modifier | modifier le wikicode]Il est intéressant d'étudier la convergence/divergence des suites arithmétiques. On peut éliminer un cas assez simple : celui des suites constantes, qui convergent systématiquement. Pour les suites croissantes et décroissantes, c'est autre chose : elles divergent systématiquement. Pour résumer :
- Si , la suite est constante et converge vers .
- Si , la suite diverge vers .
- Si , la suite diverge vers .
On peut démontrer la divergence des suites arithmétiques non-constantes de plusieurs manières.
Démonstration |
La première méthode utilise ce théorème :
Or, les suites arithmétiques croissantes (décroissantes) n'ont pas de majorants (minorants) : elles divergent donc. |
Démonstration |
Une autre méthode consiste à appliquer la définition de la divergence vers ou .
Dans le cas des suites arithmétiques, il suffit de prendre le rang tel que : Il suffit pour cela de prendre un rang tel que : Et un tel rang existe toujours. La démonstration pour les suites décroissantes est similaire, si ce n'est que la définition à appliquer est la suivante :
Le raisonnement est alors similaire au précédent, avec seulement quelques changements au niveau des calculs. |
La convergence/divergence des suites géométriques
[modifier | modifier le wikicode]Toutes les suites géométriques ne convergent pas, bien que certaine le font. On peut éliminer directement le cas des suites géométriques qui sont alternées, qui ne peuvent pas converger par définition. Les suites géométriques constantes convergent aussi, par définition. Les autres suites convergent ou divergent, selon la valeur de la raison.
- Si , la suite est diverge vers ou selon le signe du premier terme.
- Si , la suite est constante et converge vers .
- Si , la suite converge vers .
- Si , la suite est alternée (les termes consécutifs changent de signe) : elle n'a pas de limite.
On peut démontrer la divergence des suites géométriques non-constantes et non-alternées avec les mêmes raisonnements que pour les suites arithmétiques.
Démonstration |
La première méthode utilise deux théorèmes, que nous démontrerons dans le chapitre suivant. Pour les suites géométriques croissantes, on utilise ce théorème :
Or, les suites géométriques croissantes n'ont pas de majorants : elles divergent donc. Pour les suites géométriques décroissantes, on utilise ce théorème :
Les suites géométriques décroissantes avec -1 < r < 1 sont minorées par zéro (leurs termes sont tous positifs) : elles convergent donc. Les autres divergent vers moins l'infini. |