Les débats de Gérard de Suresnes/Fatalité, maîtresse de nos destins
Le débat sur le bizutage
[modifier | modifier le wikicode]'Manu se fige.
Valérie : stoppe
'Olivier surgit dans le studio technique et fait de grands signes à Manu pour qu'il interrompe l'émission'
Manu : bon on va mettre une musique et
'Musique. Pendant la musique en fond, Olivier et l'équipe discutent. Olivier propose de stopper l'émission sur-le-champ, et face à la cidération des participants, il décide de demander un avis. Il téléphone à Max, sans succès. Il appelle alors Victor, directeur d'antenne, injoignable. Il contacte alors Olivier Jacob, le directeur de la station. Mécontent d'être réveillé en pleine nuit, l'homme valide toutefois l'arrêt de l'émission.
Gérard veut reprendre. Olivier lui fait savoir que ce n'est pas possible. L'animateur s'en va, bougond et en colère.'
Gérard : Ok j'ai compris. Je ne reviendrai jamais dans cette équipe de merde !
'Il sort. Olivier revient dans le studio, à présent désert, et fond en larmes.'
Chacun sa route
[modifier | modifier le wikicode]Une vie courte et tumultueuse
[modifier | modifier le wikicode]Que reste-t-il de ses relations marquantes ? La seule personne dont les nouvelles sont récentes est Sandy. Après plusieurs années dans des logements précaires, elle a été retrouvée en Normandie, en 2024, mère de trois enfants. Elle a beaucoup travaillé dans son métier de prédilection, la petite enfance. Sa vie est redevenue ordinaire.
Quant à Gérard, le lendemain de l'émission, plus persone n'en parle. Gérard ne recevra plus la moindre réponse à ses appels, ni à Max, ni à l'équipe. Il recevra une lettre recommandée dans son foyer, quelques jours plus tard, signée du directeur de Fun radio, Olivier Jacob. Cette letre signifiera à Gérard, simple auditeur et intervenant, l'interdiction formelle de réapparaître à l'antenne sous peine de poursuites judiciaires.
Quelque chose se brise pour Gérard. Peu après, il découvrira que la fille qu'il aimait, présente lors de son dernier débat, était en réalité un garçon, mauvais plaisantin. Il décide de quitter Paris et emménage dans un petit appartement de Montlusson, pour se rapprocher de sa fille qu'il n'avait plus vue depuis l'âge de cinq ans. Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique malgré des conditions de logement honorables, sur lesquels le lecteur trouvera des éléments précis dans le con de minuit, Gérard découvre un cancer généralisé, très avancé. Il décèdera le 6 mai 2005.
Comme la vie de Monsieur Gérard de Suresnes ressemble à celle d'un comédien hors normes, sa mort prend le même chemin : le comédien du XVIIème siècle fut enterré la nuit, dans la discrétion et la misère ; celui de la fin du XXe siècle fut enterré dans l'anonymat, dans le carré des indigents près de Montlusson.
Comme l'histoire de Gérard Cousin ressemble à celle d'Esmeralda de Notre-Dame de Paris, écrit par Victor Hugo au XIXe siècle, sa postérité et sa fin s'y assimilent aussi. Lors de ses derniers jours au foyer de Nanterre avant son départ pour Montlusson, une enquête journalistique montre qu'il a probablement cohabité quelques semaines avec son père, qu'il n'a connu que quelques mois et qui a fini sa vie dans la misère. Ils ne se sont bien sûr jamais reconnus et n'ont probablement jamais échangé, mais ils étaient si proches... Quant à sa fille, Roseline, qui a paru si irréelle dans les débats, elle a grandi à Lyon dans une famille aimante, entourée de sa mère et de ses grands-parents maternels. En 2003 ou 2004, elle raconte comment cherchant à revoir son père, qu'elle n'a plus vu depuis l'âge de cinq ans, elle a finalement renoncé, appréhendant cette rencontre, et se disant qu'elle pourrait intervenir plus tard. Elle attendra 2007 pour découvrir l'histoire médiatique de son papa et découvrira, alors, sa disparition deux ans plus tôt. Deux faits qui, à eux seuls, illustrent le concept même de fatalité et expliquent au lecteur pourquoi l'aspect tragique des choses nous a paru devoir être partagé.
En 2017, la contribution de Roseline Cousin permettra à la communauté des anciens auditeurs de Gérard de lui payer une sépulture nominative, rendant hommage à l'influence qu'il eut pour une certaine jeunesse et une certaine idée des médias de l'époque.
Une vie sage et diurne
[modifier | modifier le wikicode]Suite à l'émission de 2002, Max n'a plus jamais reparlé de Gérard. Il est aujourd'hui presque certain qu'il ne partagera jamais son ressenti de la fin de cette période, sa rupture de contact avec Gérard et les suites de cet épisode.
Ceci s'explique peut-être par le choc qu'il en a ressenti. Max était en effet, depuis 2001, sous pression de sa direction. Elle voulait, selon des écrits retrouvés, une véritable remise au pas de l'animateur dans son style, la conduite du programme et sa relation aux auditeurs. Pourtant, impertinent, à la mi-saison 2001, Max avait réintroduit Gérard dans son programme. Le dérapage de son protégé l'a ainsi probablement profondément déçu et les suites vis-à-vis de sa direction ont probablement été difficiles à assumer. D'autant que le soir de son dérapage, Max, responsable pourtant de la tranche horaire, était injoignable et absent.
On mentionnera aussi que l'homme avait un rapport aux autres complexe. Très timide, il en était froid avec ses collaborateurs, même les plus proches. Il n'était pas de ces gens rattrapés par les sentiments lorsque les circonstances professionnelles se dégradaient. Le départ de Julie et d'Anneka en sont des preuves lumineuses. Il est donc tout autant probable qu'il ait souhaité agir de même avec Gérard, malgré sa relation très proche avec lui.
Si blessure il y a eu, la fin de sa carrière radiophonique n'a probablement pas aidé à la refermer. Régulièrement harcelé à l'antenne sur son silence vis-à-vis de Gérard, Max a dû essuyer une manifestation contre l'arrêt de l'émission. Pris entre son affection pour l'animateur, la communauté rageuse des auditeurs et une direction sévère et ne croyant plus en lui, l'homme devait vivre des années difficiles. En mai 2005, Max mettra deux jours à rendre un très rapide hommage, fort mal à l'aise, à Gérard suite à son décès.
L'aventure radiophonique de Max sera terminée en décembre 2005. La suite de sa carrière restera loin des micros : quelques passages sur de petites antennes, il créera sa webradio en 2022, fera une émission musicale sur Nostalgie pendant quelques années, mais ne retrouvera jamais le statut de cette époque. Intervenant en école de radio, l'animateur star des années 90 deviendra speaker officiel de l'équipe de France en 2015 et du Paris Saint-Germain en 2024. Il est alors marié et a deux enfants.
Dans cette normalité, la blessure de Gérard ne s'est jamais refermée. Max se montre ainsi hostile à la communauté, à tous projets sur cette époque, refusant d'aider, entretenir, soutenir, partager. Un mur de silence l'entoure, fait de mépris, de violence verbale et d'indifférence. Même s'il estime souvent avoir déjà tout dit, peu de détails figurent sur cette période de sa vie.
Pour éclairer ce mur, on peut aussi se demander comment un animateur, véritable pilier d'une station pendant plus de dix ans, vit une postérité où il disparaît de la mémoire collective malgré tout ce qu'il a apporté à la génération de l'époque et à son média de passion ? Pire, l'homme qui lui survit dans la mémoire du grand public est précisément celui qu'il a tiré de l'ombre et du néant, qu'il a fait exister quand personne ne pouvait l'aider, qui était devenu son « fils » par transposition de ce dernier ! Par effet clair-obscur, la lumière qui entoure encore gérard en 2025 ternit fortement celle de son protecteur. Lequel, en plus de ces faits, voit la carrière de ses confrères débarqués en même temps que lui prospère : Cauet malgré son dérapage en 1995, Arthur qui deviendra un producteur, animateur de télévision richissime, Difool). Cette simple idée peut être de nature à approfondir une blessure déjà probablement forte et ouverte par ces années de douleur.
Le retour à l'ombre
[modifier | modifier le wikicode]Il ne subsistera pas grand chose, publiquement, de cette émission et de cette période. Tonny, après une carrière dans les médias, anime une chaîne Youtube où il propose des contenus de divertissement. Goldo a totalement quitté la sphère des débats, n'en parle plus et peu de nouvelles existent à son sujet. Sa dernière apparition, tout comme pour Mégane qui a souhaité ne plus parler du sujet pour des raisons personnelles, date de 2006, sur Radio Campus, dans une émission souvenir réunissant tous les habituels et l'équipe 1998-2001 des débats. Arnet, qui travaillait sur Funradio depuis 1999, a poursuivi une carrière sur divers médias, dont NRJ, dans la réalisation technique (il était très avancé dans le domaine du numérique). Il abandonnera toutefois la radio au milieu des années 2010 pour devenir formateur et consultant sur la cryptomonnaie.
Surprenemment, le temps a tout défait, tout en laissant une trace indélébile de la période. Phildar a poursuivi une carrière radiophonique, sur RTL2, jusqu'en 2015. Il quitte alors ce métier et travaille aujourd'hui comme architecte d'intérieur indépendant. Il a entre temps eu deux enfants.
Reego, pour sa part, a connu le succès dans son domaine de prédilection : la musique. Musicien exceptionnel, « bit maker », il a partagé sa vie entre la musique et l'administration de serveurs informatiques. Il a deux enfants et il est marié (2024).
Manu a davantage prolongé l'aventure, ne quittant Max et la station qu'en juin 2005. La suite de sa vie n'est pas connue, mais elle est en-dehors de la radio. Il a maintenant une fille et une femme, il vit dans l'Ouest de la France.
Reego et Manu, restés amis, ont cherché à revivre l'esprit de cette époque, à travers deux projets : une webradio en 2015 intitulée les Sales Guguels, ainsi qu'une chaîne Twitch lancée en 2024 intitulée la Sale Diff, stimulée par le livre de Thibault Raisse.
Anneka poursuit sa carrière dans la radio. Très longtemps entre NRJ et Fun radio, elle travaille notamment dans la production de contenus, le castings et la direction de programmes jusqu'en 2023. Son ancien fiancé, le célèbre Marco, travaille encore dans la radio en 2024, davantage dans la technique et l'assistance pijiste.
Olivier Bouchet, quant à lui, après avoir poursuivi sa carrière radiophonique jusqu'aux organes de direction de RMC, semble avoir quitté le monde médiatique.
Enfin, on retiendra que très vite, une importante communauté, de plusieurs centaines de personnes, s'est inscrite en faux contre la suppression des débats de Gérard. Ils ont harcelé Max, la station, jusqu'à manifester devant les locaux de RTL. Plus solide que jamais, elle a repris le contact avec Gérard sous diverses formes et l'a accompagné jusqu'à son décès.
Après cette fin, elle a souhaité le faire vivre dans les mémoires et elle y est parvenue. Alors que la société a presqu'oublié Max et son émission, la grande majorité des archives des émissions de Gérard (débats, conseils, interventions diverses) subsiste sur Internet et se diffuse par des Webradios, des chaînes Youtube, des sites Internet divers. Régulièrement, des hommages sont organisés et près de 25 ans après l'émission, elle est toujours aussi active. Reego, d'ailleurs, représente un pilier de cette communauté, animant les gens qu'il a rencontrés sur IRC et facilitant la vie communautaire autour des débats. Avec le temps, les personnes en colère sont parties, ne subsistent en 2024 que les gens nostalgiques, modérés mais passionnés et déterminés à faire exister ce pan de leur jeunesse.
Le succès du livre de Thibault Raisse, 'le con de minuit', montre la vivacité de la communauté : vendu à des milliers d'exemplaires, chaque séance de dédicace est un succès. Sa promotion s'opère sur des médias et des quotidiens nationaux et célèbres. Il représente, ainsi, un aboutissement pour cette communauté, une occasion de se redynamiser et un lien définitivement solide. D'autant plus que l'auteur, pour son investigation, a ramené dans cette communauté la fille de Gérard. Cette dernière contribue beaucoup à l'animation communautaire, en mémoire à son père, si peu connu d'elle jusqu'en 20074.
25 ans plus tard, les débats de Gérard resteront un produit unique par son style, son contenu, son évolution. Cette émission témoigne d'une époque, d'un style esthétique, mais aussi de la puissance du destin : quelques jeunes réunis inconsciemmentautour d'une aventure qui les dépassait de loin, un homme cassé et marginal propulsé dans le tourbillon d'un petit succès qui restera dans les mémoires malgré son caractère apparemment restreint. Du début à la fin, cette période restera improbable et non répétable. Le contenu des débats, souvent dérapant et tenant des propos parfois discutables, ne serait plus admis aujourd'hui. Signe d'un progrès dans la défense des particularités des gens (femmes, genres, étrangers), ou signe d'un monde où l'expression devient difficile, le sujet reste entier. Cela n'enlèvera pas l'aspect comique du programme, dans son style, qui lui aura tout de même permis de traverser les décennies, la révolution du numérique, d'Internet.