Astérix/Les légionnaires romains et leurs armes
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Les légionnaires romains et leurs armes
Ayant traité les Gaulois de façon étendue, il faut maintenant s’occuper de leurs adversaires, les Romains. Le lecteur les rencontre principalement en tant que légionnaires. On en trouve la raison facilement: la Gaule vient d’être conquise par César. Les civils viendront plus tard. Donc c’est plutôt l’armée qui nous intéresse.
La force militaire des Romains se base sur la légion. Cette unité se compose d’environ 6000 soldats, dont une majorité de fantassins lourds, les légionnaires. Chaque légion dispose aussi de troupes à cheval qu’on ne voit guère dans les bandes dessinées de Goscinny et Uderzo. Les auteurs montrent l’armée romaine comme uniforme et constituée de membres échangeables. Les Gaulois, par contre, représentent des individus qu’on peut bien distinguer. Contrairement aux Romains, ils provoquent la sympathie du lecteur qui les connaît parce qu’ils apparaissent dans chaque album. Les légionnaires qui ne jouent leur rôle que dans peu d’images n’ont pas cette possibilité.
Sympathiques ou non, les soldats romains doivent tolérer une inspection de leur équipement en ce qui concerne son authenticité. Leurs casques, par exemple, n’appartiennent pas à l’époque d’Astérix. On n’a produit des casques avec des couvre-joues et des couvre-nuques qu’à partir du Principat, c’est-à-dire quelques décennies après la mort de César. Les coiffures que ses légionnaires portaient ressemblaient à des calottes hémisphériques. On les qualifie de « type Mannheim ». Par ailleurs, les anneaux ridicules sur les casques des fantassins dessinés ne constituent pas des produits de l’imagination de l’auteur. On les utilisait pour attacher des plumets. Bien sûr, on n’avait pas un tel casque sur la tête sans panache.
Les soldats romains de la BD sont en avance sur leur temps. La cuirasse segmentée avec laquelle ils se protègent a été inventées dans les années 20 du Ier siècle après Jésus-Christ. Donc ils la portent 70 ans avant son invention. En fait, les combattants de cet époque portaient une cotte de mailles. Cette cuirasse est formée de milliers d’anneaux en fer et inspirée par les armures celtiques du IIIe et du IIe siècle avant notre ère. C’est elle (et non le type segmenté) qui demeure la cuirasse principale des légionnaires pendant tout l’Empire romain.
Les centurions et les officiers supérieurs portent encore une autre cuirasse, dite la cuirasse musclée. Elle représente en métal le torse de son porteur. Autant qu’on sache, elle n’est pas utilisée avant le Haut-Empire et donc ne fait pas partie de l’époque césarienne. Mais on ignore son apparence précise parce que malheureusement, les archéologues n’en ont trouvé aucune. Par conséquent, il n’est pas possible de juger de l’authenticité des cuirasses musclées dessinées par Uderzo.
L’armement des légionnaires correspond à la réalité historique. Ils emploient des javelots (les pila), des glaives courts (les gladii) et des boucliers rectangulaires (les scuta). Mais les Romains disposent aussi d’armes plus grandes. Notamment leur artillerie joue un rôle important pour le village gaulois dans cet album. En particulier la catapulte romaine (bien qu’on lui donne un autre nom) incendie le chez-soi de nos Gaulois. Mais leurs ennemis utilisent encore d’autres armes de siège: la baliste, la carrobaliste (une baliste plus grande et sur roues), l’onagre (une petite catapulte) et le scorpion (le modèle intermédiaire). Une grande différence existe entre l’artillerie historique et celle de la BD: les légionnaires réels la transportaient en pièces sur des animaux de bât, ceux d’Astérix doivent la tirer eux-mêmes. L’un d’entre eux décrit ce qu’ils font: « C’est un travail de Romain ça! »