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États généraux du multilinguisme dans les outre-mer/Textes de référence

Un livre de Wikilivres.

Principes généraux

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Les langues ne sont pas seulement des instruments de communication, mais sont aussi l’expression de savoirs et de cultures ; elles ne sont pas interchangeables et portent un point de vue sur le monde qui leur est propre.

Toutes les langues sont d’égale dignité et toutes sont en mesure d’exprimer la complexité du monde : il n’existe aucun argument scientifique valide pour hiérarchiser les langues du point de vue de leur valeur intrinsèque.

L’affirmation des particularités linguistiques d’un territoire est un facteur d’attractivité, dès lors qu’elle s’accompagne d’une ouverture aux grands courants de la communication internationale.

Apprendre une langue n’implique aucunement d’en « désapprendre » une autre ; des compétences linguistiques en plusieurs langues peuvent coexister chez un même individu. En apprenant à construire le sens dans une langue première, on peut apprendre à construire le sens dans une langue seconde.

Or, dans les territoires ultramarins, la langue française n’est pas la langue maternelle de la majorité des citoyens, mais le plus souvent une langue acquise dans la vie sociale et par l’école au terme d’un processus d’apprentissage ;

Et les habitants de ces territoires sont appelés, dans la plupart des cas, à construire leur vie professionnelle et à exercer des droits de citoyen en français, langue de la République, langue du lien entre toutes les communautés linguistiques françaises ;

Les compétences linguistiques des locuteurs dans leurs langues premières n’en sont pas moins constitutives de leur identité et, à ce titre, doivent être prises en compte dans tous les secteurs de la vie sociale.

La diversité des langues parlées dans les territoires ultramarins constitue un patrimoine d’une richesse exceptionnelle et une réalité vivante, une cinquantaine de langues étant reconnues comme « langues de France » dans les départements et collectivités d’outre-mer ;

Les langues et les cultures ultramarines sont porteuses de valeurs et de savoirs, et sont en mesure d’apporter des réponses aux questions de la société contemporaine ;

Aussi le patrimoine constitué par les langues de l’outre-mer doit-il être mis en valeur, afin de permettre l’expression des langues autochtones et garantir leur transmission.

L’évolution accélérée des technologies de l’information et de la communication peut être mise à profit pour favoriser l’utilisation, la modernisation, la diffusion et la transmission de ces langues.

Le cadre législatif et réglementaire offre des possibilités qu’il revient non seulement aux administrations de l’État et aux collectivités territoriales, mais aussi aux citoyens eux-mêmes, d’exploiter ;

Ces possibilités concernent l’usage des langues de l’outre-mer dans l’espace public, leur « équipement » et leur enseignement, les pratiques culturelles et leur place dans les médias.

Objectifs poursuivis

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C’est pourquoi les participants aux États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, réunis à Cayenne du 14 au 18 décembre 2011, appellent de leurs vœux la mise en œuvre d’une politique des langues qui permette :

  • D’organiser la coexistence du français et des langues de l’outre-mer sur un même territoire, et de concilier la nécessaire maîtrise du français et la non moins nécessaire prise en compte des langues parlées sur les territoires ;
  • De contribuer ainsi, par des mesures de prévention et de remédiation, directement ou indirectement, à la lutte contre l’illettrisme.

Ils souhaitent l’instauration à cet effet d’un dialogue entre l’État et les collectivités territoriales, selon un principe de responsabilité partagée, visant notamment à mettre en place une offre linguistique, de nature à répondre à l’attente des populations et à valoriser leurs ressources culturelles.

Cayenne, le 16 décembre 2011

Principales recommandations

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Présentation des principales recommandations

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Plus de deux cents professionnels de la culture, de l’éducation – mais aussi des responsables politiques et d’associations – ont participé au cours de trois journées d’intenses réflexions aux États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, en Guyane.

Car dans les outre-mer, se concentre la plupart des langues régionales de France. Et la France a de la chance, car la diversité des langues parlées dans les territoires ultramarins constitue un patrimoine d’une richesse exceptionnelle. D’ailleurs, l’article 75-1 de la constitution de la République dispose que « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ».

La langue n’est pas seulement un instrument de communication, mais c’est surtout un vecteur essentiel de la culture du locuteur qui le forme et le structure dans un environnement spécifique.

Il est donc important de s’interroger sur la place de ces langues dans les sociétés ultramarines et au-delà dans la société française tout entière.

Longtemps, ces langues ont été considérées comme inférieures au français, la lingua franca, qui avait seule droit de cité, et les autres langues étaient non seulement ignorées mais très souvent déniées.

Les locuteurs en ressentaient un sentiment de honte et d’indignité, et des générations d’Antillo-Guyanais, de Réunionnais, de Kanaks, de Tahitiens, de Wallisiens ont souffert d’une perte d’identité en voulant oublier leur langue pour mieux réussir dans la langue dominante.

Si ces temps sont heureusement révolus et que à contrario, les scientifiques sont unanimes à affirmer que la maîtrise de la langue maternelle et d’une langue seconde a des avantages indubitables dans le processus d’apprentissage, force est de constater que la République n’a pas su faire la place qu’il convient à ces langues de ses confins…

Et pourtant, qui peut douter que la France ait jamais été aussi forte grâce à ses outre-mer ? Elle rayonne sur tous les océans du monde. Et son « soft power » – son influence – est aussi relayée grâce à ces créoles, à ces langues ultramarines qu’elle a occultées jusqu’à nos jours et qui peuvent constituer des relais de son influence dans les Caraïbes, en Amérique du Sud, dans le Pacifique et l’océan Indien.

En ce début d’un siècle nouveau marqué par la multipolarité, il n’est nul besoin pour la France d’éradiquer les langues régionales pour affirmer son unité comme le préconisait jadis l’abbé Grégoire, « l’Ami des Noirs »… L’enjeu est d’établir un rapport dialectique – il faudrait plutôt dire dialogique au sens d’Edgar Morin – entre les langues de l’outre-mer et le français, dont personne ne conteste le rôle de langue nationale.

C’est pourquoi les participants aux États généraux du multilinguisme dans les outre-mer, réunis à Cayenne du 14 au 18 décembre 2011, appellent de leurs vœux la mise en œuvre d’une politique des langues qui apporte les améliorations déclinées dans le texte de la « Déclaration de Cayenne ». Ce texte est le résultat des travaux conduits en ateliers et des débats avec l’ensemble des participants aux États généraux.

(Lors de la clôture des États généraux, le 16 décembre 2011, la présentation des principales recommandations issues des États généraux a été confiée à M. Robby Judes, conseiller pour les affaires européennes, internationales et institutionnelles au commissariat général de l’Année des outre-mer.)

Plurilinguisme, pratiques individuelles et pratiques sociales

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  • Reconnaître chaque langue de l’outre-mer français se trouvant dans la liste des langues de France dressée par la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF), à tous les niveaux de l’appareil d’État :
    • comme langue de France à part entière avec ses caractéristiques propres ;
    • lorsque c’est le cas, comme langue maternelle ou co-maternelle ;
    • comme langue partenaire du français dans l’enseignement public, dans les médias de service public, dans la sphère publique.
  • Développer les savoirs savants sur les langues de l’outre-mer par la collecte et la numérisation des traditions orales, et organiser leur conservation sous la forme de corpus, leur diffusion et leur restitution auprès des populations concernées.
  • Reconnaître le droit de tout enfant ou adulte à apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle, et offrir un cadre institutionnel à cet apprentissage, y compris en dehors du système scolaire.
  • Développer les pratiques de traduction et d’interprétation dans les services publics.
  • Organiser la défense des langues menacées de disparition.
  • Dresser un bilan des situations linguistiques et des initiatives prises en matière d’aménagement linguistique et éducative en outre-mer.
  • Ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires du Conseil de l’Europe par la République française, et d’autres textes internationaux tels la convention N° 169 sur les populations autochtones de l’Organisation internationale du travail (OIT), etc.
  • Dispenser dans le cadre du socle commun de l’école des formations sur les langues de l’outre-mer, sur leurs origines et leurs développements.
  • Développer auprès des parents d’élèves, à travers des campagnes de communication multisupports, une information sur les textes régissant l’enseignement des langues régionales, et sur ces langues elles-mêmes, afin qu’ils puissent en tirer avantage et intervenir dans les politiques éducatives.
  • Encourager et soutenir la production et la diffusion d’une création littéraire, audiovisuelle et numérique qui contribue à la diffusion et à l’attractivité des langues, en particulier pour inciter les jeunes à utiliser ces langues et à les apprendre.
  • Mettre en place des institutions paritaires (État, Région, Département, associations) pour la définition et l’application d’une politique linguistique à l’échelle du territoire, intégrant la défense et la promotion des langues régionales dans l’enseignement, dans les médias, dans l’aménagement urbain, et constituant des lieux ressource dans le domaine de la traduction, etc.
  • Encourager les échanges régionaux entre zones partageant des langues proches ou identiques.
  • Prendre en compte, notamment pour les questions environnementales, les savoirs traditionnels qui sont attachés aux langues locales. La valorisation de ces savoirs ne doit néanmoins pas être réduite à des remédiations ponctuelles, mais doit pouvoir s’inscrire sur le long terme.

« L’équipement des langues » : de l’oral à l’écrit, description et outillage linguistique

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  • Développer la production d’outils didactiques en langues maternelles dans tous les domaines : santé, éducation, droit, actes de la vie quotidienne, etc. Ces outils devront prendre en compte l’oralité (ne pas négliger l’intérêt des publications « légères » qui peuvent être fabriquées à moindre coût pour un public éventuellement restreint, pour une occasion particulière).
  • Accompagner la production d’outils didactiques de formation adaptés à une utilisation dans différents contextes.
  • Créer un portail internet pour les langues d’outre-mer où les outils didactiques et les ressources linguistiques seront mis à la disposition de tous.
  • Prendre en compte dans l’établissement d’une orthographe le fait que les canaux sensoriels sollicités à l’écrit sont différents de ceux qui sont mis à contribution à l’oral ; la bouche et l’oreille sont les organes de l’oral alors que c’est l’œil qui guide la lecture.
  • Créer des « académies de la langue » ou soutenir celles qui existent déjà, comme lieux privilégiés où discuter les règles d’orthographe qu’il convient d’adopter collégialement. L’urgence de la constitution d’instances de validation est soulignée.
  • Soutenir les projets de documentation des langues insuffisamment décrites, afin de répondre à la nécessité d’une réelle grammaticalisation de chacune des langues, pour leur reconnaissance, leur sauvegarde et leur transmission dans un cadre éducatif.
  • Soutenir la réalisation de dictionnaires bilingues, qui doivent refléter un grand souci de précision, et l’élaboration de dictionnaires monolingues.
  • Réaliser des grammaires contrastives (les bi-grammaires), qui présentent l’avantage de mettre deux langues sur un pied d’égalité, en mettant en valeur leurs points communs et leurs spécificités.
  • Créer les conditions techniques et institutionnelles pour une démarche collective et pluridisciplinaire. Mettre en place pour chaque langue une équipe composée de personnes compétentes ayant pour objectif d’aboutir à un consensus, en maintenant le dialogue avec les différents groupes de locuteurs de la société. Les équipes représentant les différents pays d’outre-mer devraient rester en contact, afin de faire converger leurs objectifs.

La transmission des langues : la prise en compte des langues d’origine et des acquis culturels dans l’apprentissage du français, leur place dans le système éducatif

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  • Ratifier ou élaborer des textes législatifs ou réglementaires qui consacrent le droit d’un enfant à apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle.
  • Prendre appui, dans le système éducatif, sur les principes définis dans le schéma directeur de développement de l’enseignement des langues d’origine dans les collectivités d’outre-mer.
  • Activer concrètement les dispositifs existants (commissions académiques, textes sur l’enseignement des « langues régionales »).
  • Poursuivre les expérimentations prenant en compte la variété des compétences linguistiques et culturelles des élèves pour l’acquisition du français et des savoirs disciplinaires autres que le français, dans le cadre du socle commun des connaissances et des compétences. Puisque bien des expérimentations ont déjà donné des résultats positifs, favoriser des recherches-actions à même de permettre l’amélioration des dispositifs déjà existants.
  • Établir des partenariats pérennes et solides avec la communauté scientifique, et particulièrement avec des sociolinguistes spécialisés dans les questions d’aménagement linguistique et didactique.
  • Privilégier l’éveil des enfants à la pluralité linguistique. La diversité linguistique est une expérience quotidienne dans les territoires ultramarins : plutôt que de l’ignorer, il convient d’en exploiter la richesse. La prise de conscience par les enfants de leur plurilinguisme est en effet une étape importante dans le développement de la compétence métalinguistique, c’est-à-dire la faculté à parler du langage et des langues. Cette posture réflexive constitue une activité intellectuelle importante pour la suite des apprentissages scolaires : or, elle peut être développée dès le plus jeune âge, à partir de supports oraux comme écrits. Ces démarches de valorisation du plurilinguisme ont des conséquences positives sur la transmission intra-familiale des langues d’outre-mer et, de ce point de vue, participent pleinement des programmes de sauvegarde et de revitalisation du patrimoine linguistique que constituent les langues de France.
  • Mutualiser et diffuser des outils pédagogiques et d’éveil aux langues adaptés aux contextes linguistiques. Un travail de collecte des différents retours d’expérience reste à mener : dans cette perspective, l’utilisation d’environnements numériques permettant un travail collaboratif et la constitution de réseaux est une possibilité. Locuteurs, enseignants, chercheurs, membres d’association doivent travailler ensemble, de façon égalitaire, à la constitution de ces ressources d’intérêt collectif.
  • Accepter les énoncés mélangés/hybrides résultant des contacts de langue et inviter les élèves à les analyser.
  • Assurer la formation des enseignants à la diversité linguistique et culturelle, en particulier celle du territoire où ils sont en activité. Le travail de mutualisation des outils pédagogiques va en ce sens : il s’agit de mettre à la disposition de tous les enseignants en outre-mer une palette de méthodes et de dispositifs suffisamment variée pour que les didactiques mises en œuvre s’adaptent au mieux aux contextes spécifiques à chaque territoire.
  • Rétablir l’épreuve de langue régionale au concours de recrutement des professeurs des écoles.
  • Accueillir les enfants, à l’école maternelle, dans leur langue.
  • Développer les classes bilingues en maternelle et dans l’élémentaire.
  • Étendre l’enseignement des langues régionales aux lycées professionnels ; offrir la possibilité aux étudiants d’utiliser la langue maternelle dans les épreuves professionnelles orales.
  • Initier une réflexion sur les modalités d’évaluation dans l’objectif de concevoir une évaluation qui ne pénalise pas les élèves, notamment dans les disciplines non linguistiques (DNL).
  • Parmi les pratiques scolaires à promouvoir :
    • la mise en place du « langage d’évocation », par le recours à des contes en langues d’origine ;
    • le décloisonnement des langues par la mise en place d’un contrat didactique et de pratiques d’alternance codique ; établissement d’un contrat didactique de type linguistique : expliciter les attentes réciproques entre enseignant et élève, permettre le recours aux différentes langues dans l’école, et éviter un usage exclusif du français et le cloisonnement des langues ;
    • la mise en place d’ateliers d’écriture en français et dans les langues d’origine, en prenant appui sur des moments de création dans le cadre scolaire, où les langues cohabitent, afin d’amener les élèves à distinguer les exigences du bac des moments de littérature et d’écriture ;
    • inventer et augmenter le vocabulaire scolaire dans les langues par le biais des intervenants en langue maternelle, conduire un travail linguistique sur le vocabulaire de l’école ;
    • développer l’enseignement des mathématiques et des sciences à partir des concepts philosophiques présents dans les activités et les productions culturelles des locuteurs ;
    • proposer des activités de grammaire comparée.
  • Exiger que des modules traitant des questions sociolinguistiques de la diversité linguistique et de leurs implications didactiques soient intégrés aux maquettes des mastères « Éducation », dans la formation continue et l’ESEN de Poitiers (formation des inspecteurs de l’Éducation nationale), rouage essentiel à la cohérence et à l’efficacité du dispositif.

Les technologies de la langue, la présence des langues sur la toile et sur les réseaux sociaux

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  • Renforcer de manière significative les infrastructures permettant l’accès à l’internet sur les territoires de l’outre-mer, notamment dans les zones les plus isolées, les établissements publics, les écoles.
  • Mettre en place un véritable programme pour faire entrer l’internet dans les écoles dès la maternelle, et développer l’usage des technologies pour l’apprentissage des langues maternelles, l’éducation à la maîtrise de l’écrit, la lutte contre l’absentéisme et l’illettrisme.
  • Mettre en place un programme d’introduction des outils d’aide à la traduction et à l’interprétation, et de bornes vocales plurilingues dans les services publics, pour améliorer les services aux usagers.
  • Encourager l’usage de l’internet par les citoyens dans leur langue maternelle, notamment au moyen des réseaux sociaux, de la messagerie instantanée, des tchats, ou des sites de partage de vidéos, avec pour objectif de briser le complexe qui empêche les citoyens de s’exprimer dans leur langue maternelle.
  • Mettre en place une action stratégique appuyée ou coordonnée par le ministère de la Culture et de la Communication en faveur du développement des pratiques d’écriture en langues de France sur Wikipédia notamment à l’école, et encourager l’émergence de communautés de contributeurs sur les territoires d’outre-mer.
  • Développer les technologies de traduction automatique du texte et de la parole, pour toutes les langues de France, et en particulier pour les langues d’outre-mer, dans le cadre d’une action de recherche coordonnée impliquant une évaluation systématique les performances obtenues par ces technologies au fur et à mesure de leur développement, et une mesure régulière des besoins des usagers.
  • Disposer de systèmes de traduction et de référencement en langues régionales, pour accéder aux ouvrages, ou plus généralement aux documents dans les bibliothèques numériques.
  • Développer les applications et interfaces orales avec restitution orale (reconnaissance vocale, aide à la traduction) pour les langues minoritaires et non écrites, et à destination des publics fragilisés (illettrisme, analphabétisme, handicaps visuel et auditif).
  • Développer les corpus en langues régionales, en quantité et de qualité suffisantes pour développer les technologies de la langue. On pourra s’appuyer notamment sur les ressources de Wikipédia et du Wiktionnaire en langues de France.
  • Encourager le développement ou l’utilisation de logiciels libres, de plates-formes collaboratives et de données libres de droits pour le développement des technologies de la langue.
  • Mettre à disposition du public des outils pour le sous-titrage automatique et la traduction à la demande des émissions radio ou télédiffusées.
  • Répertorier la présence sur internet des langues parlées en outre-mer.

Le rôle des langues dans la construction d’une identité commune. Langues et pratiques culturelles

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  • Favoriser la présence dans les médias locaux et nationaux de la réalité linguistique de l’outre-mer, dans toute sa diversité.
  • Accorder une place plus importante et régulière à l’actualité et à la connaissance de l’outre-mer sur les médias nationaux.
  • Former des journalistes et des animateurs à exercer les métiers du journalisme dans les langues de l’outre-mer.
  • Créer un fonds pour la création de reportages et documentaires radio et télévision, dans les langues d’outre-mer.
  • Créer des journaux télévisés et radiophoniques en langue régionale (diffusion précédant le journal en français), avec des rédactions différentes de celle du français (ne plus traduire les sujets du français, mais construire de vrais sujets en langue régionale).
  • Encourager à la réalisation, la production, et la diffusion (en particulier par le sous-titrage en français) de films en langue régionale.
  • Placer l’homme dans le présent, au cœur des processus patrimoniaux.
  • Faire de la langue un objet patrimonial au musée, non pas en la muséifiant, mais en l’incarnant. Les langues au musée, c’est la parole, pas seulement l’écrit.
  • Ouvrir des espaces plurilingues dans les institutions patrimoniales (bibliothèques, musées, archives) pour donner accès au patrimoine et favoriser l’émergence de musées, bibliothèques, centres d’archives plurilingues.
  • Associer les populations concernées à l’enrichissement et à la connaissance des collections et des fonds, comme au développement de la mémoire locale (collecte d’archives orales dans toutes les langues). Détenteurs d’archives, ils ont aussi un rôle de conservation et de transmission :
    • collecte et constitution des fonds ;
    • présentation et accessibilité au public ;
    • actions de médiation et événements.
  • Le plurilinguisme dans les institutions patrimoniales suppose un effort pour rendre les fonds et collections accessibles aux populations locales, et pas seulement aux touristes.
  • Valoriser davantage les patrimoines d’outre-mer et développer cette dimension dans les formations patrimoniales au niveau national, ainsi qu’une sensibilisation aux langues d’outre-mer.
  • Valoriser les acteurs patrimoniaux locaux dans leur rôle pour constituer des collections de valeur nationale et universelle à partir d’un ancrage local.
  • Former les fonctionnaires territoriaux œuvrant dans les institutions patrimoniales aux langues locales et aux processus de traduction.
  • Adapter les modes de classement et de catégorisation des savoirs aux langues et cultures d’outre-mer.
  • Favoriser et appuyer la mise en réseau des institutions patrimoniales qui souhaitent travailler aux niveaux local et régional (coopérations sud-sud, transfrontalières, etc.).
  • Former les personnels détachés en outre-mer pour une meilleure approche et connaissance des territoires.
  • Orienter les politiques patrimoniales des collectivités territoriales vers la prise en compte de la diversité des langues et des patrimoines d’outre-mer, non pas seulement pour sauvegarder les langues, mais pour faire société, pour construire le commun.
  • Favoriser la circulation des savoirs, des œuvres, des imaginaires, sur le territoire national, dans les langues d’outre-mer par l’intermédiaire de l’Agence nationale de promotion des cultures ultramarines.
  • Inviter les collectivités d’outre-mer, en partenariat avec l’État, à encourager et soutenir la création culturelle et artistique contemporaine, quelle que soit la langue de création, dans les domaines du spectacle vivant, de la chanson, du cinéma, de l’audiovisuel, de l’édition et des arts numériques…, et favoriser tous les moyens d’accès aux œuvres produites dans ces langues. L’usage d’une langue régionale ne saurait servir de base à une discrimination.
  • Intégrer une dimension plurilingue dans les dispositifs contractuels de médiation culturelle et d’éducation artistique : éducation à l’image, éducation populaire, culture et handicap, justice, santé, multimédia, politique de la ville, lutte contre les exclusions, services des publics des établissements patrimoniaux, villes et pays d’art et d’histoire…
  • Introduire les langues et cultures régionales dans les dispositifs de formation et de professionnalisation des acteurs culturels, y compris pour les agents de l’État et des collectivités.
  • Réaliser un état des lieux à l’échelle des différents territoires d’outre-mer sur ce qui se fait dans le domaine de la chanson et de la danse en langues d’outre-mer, pour mieux prendre en compte la multitude d’initiatives isolées et insuffisamment valorisées.
  • Préciser de manière beaucoup plus détaillée une entrée de la chanson et des danses en langues d’outre-mer dans les programmes officiels de l’Éducation nationale.
  • Accompagner au niveau pédagogique, par des dispositifs de formation adaptés, l’exploitation optimale des chansons et danses en langues d’outre-mer, en particulier dans le cadre du programme d’histoire des arts.
  • Redynamiser les classes APAC (classes à projets artistiques et culturels).
  • Développer des infrastructures pour la collecte et la conservation des langues, des chants, des danses et des cultures des pays d’outre-mer, pour contribuer à développer des passerelles entre le 1er degré et l’université autour de ces outils.
  • Ouvrir l’école aux intervenants extérieurs porteurs de savoirs et de savoir-faire dans leurs formes traditionnelles ou contemporaines, mettre en œuvre des actions pédagogiques, et dans ce but, adapter les procédures administratives et la définition du statut des intervenants.
  • Veiller au respect de la propriété intellectuelle des sources collectées et protéger les savoirs et savoir-faire traditionnels.
  • Accompagner le développement des résidences croisées, dans des lieux labellisés de diffusion et de création artistique, avec des porteurs de savoirs et de savoir-faire dans leurs formes traditionnelles ou contemporaines et des artistes présents sur la scène contemporaine.
  • Favoriser la diffusion de productions artistiques inscrites dans les pratiques sociaux-culturelles des ultramarins, dans les lieux de diffusion labellisés.
  • Créer une manifestation d’envergure nationale autour des danses et des chants d’outre-mer.
  • Favoriser des passerelles entre les différents pays d’outre-mer pour accompagner le développement culturel et artistique, et favoriser des espaces de rencontre et de dialogue entre les différents pays d’outre-mer et les pays voisins.
  • Utiliser les médias audiovisuels et créer des fonds patrimoniaux pour permettre la transmission intergénérationnelle de l’art du conte dans sa forme originelle.
  • Créer des espaces de parole et de transmission dédiés aux littératures orales.
  • Créer une manifestation d’envergure nationale autour du conte et des littératures orales.
  • Favoriser la publication bilingue des contes, particulièrement dans les manuels scolaires.
  • Créer un dispositif d’aide à l’animation dans les bibliothèques et les médiathèques.
  • Développer le soutien aux artistes et aux associations de promotion des littératures orales.